Bha oui, avant de bêtement shooter tout ce qui bouge (ou pas d'ailleurs), vous en premier lieu, il fut un temps pas si lointain où vous sélectionniez avec soin ce que vous preniez en photo. Parce que vous n'aviez qu'une pellicule de 24 et aucune possibilité de checker la luminosité et le bilan final de vos oeuvres. D'où le bonheur incomparable d'aller chercher vos photos de colo chez le développeur, mais aussi celui de tomber sur une "vieille péloche" mystérieuse qui ne dévoilerait ses secrets qu'une fois le petit rouleau déposé. Quasi poétique.
Kimcônes, chocolettis, pop-corns BAF... Mais oui, rappelez-vous de ces gentilles dames le cou orné d'un gros panier rempli de friandises devant lesquelles vous trépigniez derrière une horde de petites personnes de votre âge (chopant forcément les derniers Chocoletti). Aujourd'hui, on vend sa montre pour s'offrir trois Malabars et on trouve sa place tout seul. Non mais.
"Tu crois qu'il est quelle heure ?", "Tu crois qu'on va être en retard ?", "On s'emm* non ?" Quelle qu'en soit la raison, vous avez forcément appelé le 3699 et entendu la patiente et joyeuse jeune femme vous indiquer qu'"au quatrième top il sera... quinze heures... vingt et une minute... et trente-huit secondes... TUT TUT...".
"On appelle madame Machin la prof d'anglais ? Viens on l'appelle. Regarde dans le BOTTIN on va trouver son numéro". Gros comme un dico, les Pages Blanches, appelé dans l'intimité "bottin", servait non seulement à trouver les coordonnées d'autrui mais aussi de réhausseur pour toute la famille. C'est pas notre smartphone qui ferait la même chose. On dit ça, on dit rien.
Ca, on restait pas planquée derrière notre écran pour tâter le terrain et savoir si le BG de 4eB voulait bien ou voulait pas coller sa langue dans notre bouche. Pas tant parce qu'on était plus hardies que parce qu'on n'avait pas le choix. Alors on prenait notre courage à deux mains, on fonçait tête baissée poser la question ("Tu veux bien sortir avec moi ?"), on se prenait un bon wind en temps réel et on n'en parlait plus.
Ca, c'est plutôt cool. Parce que quand on était petites, nos parents ou ceux des autres remontaient souvent les sourcils froncés en gueulant comme des putois qu'on leur avait "chouré leur auto-radio". Du coup, les plus paranos le déclipsaient et se baladaient avec. So pas chicos.
Voir le monde avec ses propres yeux sans écran entre soi et les paysages souvent idylliques que l'on croise sans plus les voir, c'était notre quotidien. Bha oui, c'était pas avec notre Tatoo qu'on allait se selfieser devant la Grande Muraille ou avec des petites marmottes à la montagne. Résultat, depuis, tout est gravé. Là. Ouais.
Comme les keufs (ou les médecins avec leurs ordonnances), avant, pour faire plusieurs exemplaires d'un écrit, on glissait un papier tout fin, noirâtre et un peu cracra qui permettait, en écrivant sur la première feuille, d'écrire sur une seconde- tadadam- comme par magie. Relou, pas pratique et non utilisable avec autre chose qu'un Bic. Bon débarras.
Oui, messieurs dames. Quand on n'a rien d'autre que les lacets de ses voisines de pupitre à assembler ensemble ou sa Casio fx82b pour s'occuper en cours d'EMT, on devient créatif. Et on apprend rapidement à écrire "SOLEIL" à l'envers sur l'écran en cristaux liquide de son bijou de technologie.
Le numéro de l'école des enfants ? De la nounou ? De votre mère ? Vous avez oublié votre portable à la maison ? Tant pis pour vous, vous êtes fichue.
Retrouvez plein d'autres choses que vous ne faites plus dans le livre de Christophe et Mathieu Tonin, Le livre des choses que vous ne faites plus (ou presque) aux éditions First.