L'été, c'est chouette, on l'attend toute l'année, après avoir passé des mois et des mois à pleurer parce qu'on a froid, qu'il pleut et qu'il fait moche, quand enfin le voilà ! Les oiseaux chantent, on change de garde-robe, les gens ont le sourire, toutes les corvées deviennent plus faciles... Mais la saison vient aussi avec son lot de désagréments.
En voici treize, pour commencer.
La chaleur à la plage, au bord d'un lac, dans une prairie fleurie, à la limite, ça se tolère. Mais la chaleur en ville, quand tout fermente au soleil, que les pelouses se remplissent et que les esprits s'échauffe, c'est quand même une autre compote. Sans compter qu'on doit rester toute la journée à cravacher en intérieur sous la clim en regardant les gens s'amuser dehors parce que la vie est injuste et mal faite et qu'on a pas encore trouvé le moyen d'instaurer des "grandes vacances" pour les adultes.
C'est bien connu, dès qu'il fait chaud, la puissance et le rayon des odeurs désagréables décuplent, et il devient impossible de leur échapper. La petite ruelle crado par laquelle vous passez en pressant vaguement le pas en hiver devient un enfer olfactif qu'il faut traverser en apnée au pas de course.
À quoi bon s'embêter à passer des plombes devant sa glace pour appliquer dix-huit produits différents sur sa peau quand de toute façon tout se mettra à dégouliner et à former un masque étouffant à partir de 11h30 du matin ? Mieux vaut la jouer modeste et légère et profiter de ces mois chauds pour laisser sa peau respirer un minimum.
Si vous êtes du genre à collectionner les petites robes d'été et les chaussures assorties avec justesse et habilité, c'est tout bon pour vous (enfin, en réalité non, si vous vivez dans l'hémisphère nord de la France, ça reste compliqué parce que la météo est tout sauf fiable et qu'un jour on est en juin, et le lendemain en novembre). En revanche, si vous avez décidé de miser sur le noir pour votre garde-robe, et que du coup vous n'avez que des teintes très foncées, ça va être compliqué à vivre pour vous.
Il faut que ce soit confortable et joli et suffisamment aéré et qu'on puisse rajouter une couche au cas où ça se rafraîchisse et penser à la clim du boulot et au contact des sièges de métro sur notre peau et à beaucoup trop de facteurs chiants qui rendent l'étape du choix de la tenue du jour légèrement prise de tête.
L'antichambre de l'enfer, le purgatoire, la torture quotidienne et interminable : les transports en commun en été. C'est un mélange de bruit, de foule, de contacts non désirés, d'odeurs, de micro-agressions qui gâchent tout début de journée qui avait bien commencé et qui finissent de vous achever au retour. On a limite envie de faire des heures sup' que de se précipiter dans un espace étriqué pour se retrouver avec le nez sur l'aisselle odorante d'un camarade de galère.
Quand tout le monde se barre, les rues deviennent désertes et plus tranquilles, la ville nous appartient et tout est plus paisible, c'est vrai. Mais du coup, pour trouver quelqu'un(e) avec qui boire l'apéro et profiter de cette accalmie, c'est la croix et la bannière. Si vous voulez organiser une fête au mois d'août, vous pouvez oublier tout de suite. En plus, tous les commerçants partent en vacances, y a plus aucun magasin de proximité ouvert. Et au bureau, vous n'avez plus personne à qui parler, c'est complètement aliénant.
L'été en ville, c'est aussi l'occasion de se lâcher, d'aller prendre l'air et de tenter de se convaincre qu'on a quitté son béton pour se ressourcer à la campagne. Nombreux sont ceux qui poussent le vice jusqu'à se mettre en maillot de bain dans les parcs, certaines femmes tombent le haut, on se rentre le slip dans la raie pour bronzer comme à la plage, bref, il n'y a plus de limites. Si ces visions ne nous choquent pas dans les environnements adaptés, ça fait quand même tout drôle de les croiser en revenant du supermarché.
Si vous avez envie de vous faire un ciné entre potes ou une soirée tranquille à la maison, préparez-vous à entendre des hurlements d'indignation de leur part : quand il fait beau et chaud, on SORT. Vous avez envie de traîner en slip chez vous sans affronter le regard des autres et payer vos consos 8 euros ? Tant pis pour vous ! Il vous faudra supporter les discours culpabilisants de ceux qui trouvent ça proprement aberrant qu'on s'enferme alors qu'il fait si beau et qu'on se plaint du temps 9 mois par an.
Vous ne pouvez plus ouvrir Facebook, Twitter ou Instagram sans tomber sur des photos de saucisses. Saucisses à droite, saucisses à gauche, saucisses partout, mais jamais dans votre assiette. Sans compter les petites légendes sarcastiques et agaçantes à base de "Dimanche de merde ;)" et autres "Moui ça va, on est pas trop mal là...". Ça va, dis-le que tu kiffes et que tu savoures tes brochettes en pensant à tes potes enfermés dans des tours de béton, assume !
Si vous faites partie de celles qui s'épilent (et que vous n'avez pas encore rejoint le mouvement du retour aux poils), l'été devient encore plus relou. On ne peut plus tricher en ne rasant que la zone qui dépasse de son jean retroussé, on ne peut plus laisser ses aisselles respirer sous un haut à manches longues, et si en plus on doit se mettre en maillot, c'est la totale. Perte de temps et perte d'argent, merci la chaleur, merci les diktats.
Vous voulez ouvrir votre fenêtre pour respirer sans avoir à supprimer toutes les sources de lumière de peur d'attirer les insectes ? Dommaaaaage ! À moins de se faire poser des moustiquaires sur toutes les fenêtres et autour du lit, pas moyen d'être tranquille. Sans compter les mouches et les papillons de nuit qui pètent un boulard et entrent en collision avec tout ce qui se met en travers de leur chemin. Et les guêpes et les abeilles qui viennent vous attaquer en pleine journée.
Le soleil échauffe les esprits et libère les langues, du coup vous ne pouvez plus faire un pas dehors avec les jambes à l'air sans vous prendre huit réflexions sur cent mètres. Les relous perdent la boule, ne savent plus où donner de la tête, et se changent en maxi-relous, la bave aux lèvres, prêts à commenter le moindre choix vestimentaire et se réjouir bruyamment de voir notre peau à l'air.
Oui, pardon, je sais, ça fait vraiment vieille aigrie de taper sur les touristes, et en vrai, on est bien contents qu'ils visitent notre beau pays (qui est beau, c'est vrai) et découvrent notre culture... Mais quand on croise huit attroupements de personnes perdues qui ne savent pas circuler sur un trottoir sur le chemin du boulot ou du gynéco, bah pardon, mais ça gonfle.
Bon, mais à part tout ça, c'est vrai qu'on est quand même contents de ne plus avoir à superposer trois pulls pour sortir et de pouvoir réinvestir les terrasses, faut avouer. Et puis c'est quand même chouette, l'été.