Affaire DSK : les féministes à la rescousse de Tristane Banon
Publié le 12 septembre 2011 à 10:54
Par Marine Deffrennes
Alors que DSK est entendu par la police actuellement, à propos de la plainte déposée par Tristane Banon, celle-ci trouve des soutiens parmi les féministes. Elle déclare vouloir se joindre à une manifestation prévue le 24 septembre pour protester contre la banalisation du viol et des violences faites aux femmes.
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« Tu n'es pas coupable, c'est le pervers qui est coupable. Tu peux marcher la tête haute, nous sommes avec toi, le peuple français est avec toi, tu es notre petite Jeanne d'Arc », peut-on lire parmi la foule de commentaires publiés ce week-end sur le « mur » Facebook de Tristane Banon (Voir ci-dessous). La jeune écrivain qui a porté plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol, a publié un texte d’appel à rejoindre une manifestation féministe le 24 septembre prochain, devant le Palais de Justice de Paris. En cause, la banalisation du viol et des violences faites aux femmes, et en toile de fond l’impunité de DSK, et le sexisme ordinaire remis au centre des débats par cette affaire.

Une manifestation pour toutes les femmes
Selon l’association féministe Paroles de femmes, qui participera au rassemblement, il n’est pas question de remettre en cause une décision de justice, ou de s’attaquer à un homme en particulier, mais d’élever la voix pour les victimes, qui, au vu du déroulement des deux affaires qui ont accusé l’homme politique français, pourraient être dissuadées de porter plainte.
Depuis que les charges de viol et agression sexuelle ont été abandonnées aux Etats-Unis contre Dominique Strauss-Kahn, le 23 août dernier, le focus est placé vers la plainte déposée par la Française Tristane Banon. Or, la tentative de viol dénoncée semblant difficile à démontrer, les faits pourraient être requalifiés en agression sexuelle, et donc prescrits d’un point de vue juridique puisque l’agression présumée date d’il y a huit ans. L’allongement de la durée de prescription en cas d’agression sexuelle (de trois ans actuellement) pourrait constituer l’une des revendications majeures de cette manifestation.

DSK entendu par la police
L’ex-patron du FMI serait actuellement dans les bureaux de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), entendu à propos de la plainte déposée par Tristane Banon. Cette audition aurait été réclamée par DSK lui-même, et dans le cadre normal du déroulement de l’enquête. Dans cette affaire, l’homme politique a toujours nié les accusations portées contre lui et a porté plainte contre la jeune femme pour dénonciation calomnieuse.

Faut-il se mêler de l’affaire DSK/Banon ?
Dimanche, sur la Place des Vosges, un petit rassemblement de protestation s’est formé sous les fenêtres de DSK. Si des associations féministes, comme la Marche mondiale des femmes, n’hésitent pas à profiter de l’impact médiatique de l’affaire DSK pour parler au nom de toutes les femmes, certaines restent réticentes à mélanger une affaire trop politisée et en attente de résolution juridique avec les questions féministes.


Le texte publié hier par Tristane Banon, sur Facebook :

« Il y a un vrai problème dans ce pays, des choses doivent changer. Le viol et la violence faite aux femmes ne peuvent être banalisés, l'argent et le pouvoir ne sauraient être au-dessus des lois. Ou sinon je n'ai rien compris, ou sinon je n'ai que trop compris. Je ne suis pas Zola pour accuser, mais j'ai laissé les uns et les autres me défendre sur la toile, défendre la cause des femmes dans les médias et ailleurs...Pourtant, ce qui se joue depuis six jours me donne la nausée. J'entends les gens qui m'arrêtent dans la rue, j'entends les gens qui veulent protester, se faire entendre, crier que le Code Pénal doit être le même pour tous et qu'un jugement doit advenir, qui condamnera ou non mais qui doit être prononcé. J'entends les gens me dire leur écoeurement, j'avale leur soutien pour tenir debout et pourtant c'est moi qui baisse la tête et longe les murs quand d'autres sourient aux caméras. Je ne peux pas croire que mon pays accueille en héros un homme qui n'a pas été blanchi. Je ne peux pas croire que mon pays envoie les forces de l'ordre, l'argent public, délivrer ce même homme des photographes qui l'assaillent. Je ne peux pas croire que mon pays ait à ce point oublié que l'égalité pour tous faisait partie de sa Constitution, et celle entre l'homme et la femme de son combat. Je sais que plusieurs associations prévoient de se réunir le samedi 24 septembre à 14h devant le Palais de Justice pour faire entendre leur voix, place Louis Lépine. Dans les jours à venir, cet appel à la mobilisation se fera plus précis, plus concret. Mais pour la première fois depuis le 15 mai 2011, pour la première fois depuis le 4 juillet qui a suivi, pour la première fois depuis huit ans et demi et pour la première fois depuis 32 ans, je veux être présente moi aussi, je veux faire semblant d'être forte même si je ne sais pas dans quel état physique, moral et psychologique j'y arriverai. Il faut bien relever ses manches vraiment, un jour. Le 24 septembre je serai aux côtés de celles et ceux qui voudront dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, je serai devant le Palais de Justice avec vous car au-delà de moi, ce qui se joue en France aujourd'hui est grave pour toutes les femmes, et pour le pays. J'ai toujours pensé qu'il fallait avoir le courage de ses actes...Nous serons 10, 100, 1000, plus ou moins, mais je ne m'endormirai pas le 24 septembre au soir sans me dire que j'aurais essayé de changer cette injustice-là. »


(Source : Source : le figaro.fr)

Crédit photo : AFP/Archives



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