Elles étaient une vingtaine de féministes mardi, à attendre l’ancien patron du FMI à la sortie du tribunal de Manhattan. Lui, souriant après avoir entendu le coup de maillet du juge Michael Obus proclamant le non-lieu, elles, révoltées par ce qu’elles considèrent comme une injustice : « DSK, honte à toi ! », « Nafissatou, on te croit ! », ont-elles crié au passage de Dominique Strauss-Kahn et d’Anne Sinclair.
Communiqué virulent
Ce petit rassemblement a été suivi d’un communiqué publié par la National Organization for Women (NOW), principale association féministe du pays, qui regrette la décision du procureur d’abandonner les charges contre l’ex-ministre français. « Cette erreur judiciaire révèle le caractère de cette société qui tolère la violence sexuelle en jetant la faute et le déshonneur sur les victimes. Mais la véritable honte est dans le camp des criminels et des procureurs qui leur permettent de partir libres et impunis. » Une prise de position claire et osée, qui s’oppose à une décision de justice, et qui va jusqu’à ériger la femme de chambre déboutée au pénal en exemple : « L’association NOW félicite Mme Diallo pour le courage dont elle a fait preuve en racontant son histoire. Face au harcèlement qu’on lui a imposé pour la réduire au silence, elle n’a pas baissé les bras, et elle demeure la preuve pour toutes les femmes qu’il est possible de demander que justice soit faite de façon digne, mais aussi que les femmes qui sont agressées sexuellement doivent être irréprochables pour qu’on les croie. »
L’association américaine a également critiqué le traitement de l’affaire par le bureau du procureur de Manhattan, les avocats des DSK et les médias, qui se seraient rendus coupables de « sexisme », de « racisme », et de « préjugés ethniques et de stéréotypes de classe » dans le but de discréditer Mme Diallo, créant ainsi un climat où les femmes victimes de violences sexuelles craindront d’être les doubles victimes de la loi et de la presse.
« De grands risques pour les droits des femmes »
En France, et de façon plus modérée, c’est Marie-Georges Buffet, ancienne ministre communiste, qui s’est inquiétée de l’impact de cette issue de l’affaire DSK sur la cause des femmes : « c’est une mauvaise nouvelle pour la justice et pour les femmes », a-t-elle déclaré hier. L’élue de Seine-Saint-Denis estime que « la vérité n’est pas dite » : « La décision du procureur fait courir de grands risques au droit des femmes en revenant au temps où les victimes de viols étaient a priori coupables, au temps où le viol n’était pas considéré comme un crime ».
Le collectif Osez le féminisme a par ailleurs diffusé un communiqué en fin de journée mardi, pour rappeler que « quelle que soit l’issue judiciaire, la parole des victimes de viol ne doit pas être méprisée ». « Nous ne savons pas ce qui s'est passé à New York. Mais le déferlement de propos sexistes et d'idées reçues sur le viol qui s’en est suivi était et demeure inadmissible. Ceci reste encore valable aujourd’hui », peut-on lire dans ce communiqué.
(Source : Le Monde.fr)
Crédit photo : ABC News
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