Société
Pourquoi le rejet de la "déconjugalisation" de l'Allocation adulte handicapé est un problème
Publié le 18 juin 2021 à 12:04
Par Louise Col
Les personnes adultes en situation de handicap réclament auprès du gouvernement français une révision du calcul de leur allocation : elles désirent plus précisément une "déconjugalisation", soit le fait de ne plus considérer les revenus du conjoint ou de la conjointe pour calculer le montant de cette allocation. Mais le gouvernement s'y refuse.
Pourquoi le vote contre la "déconjugalisation" de l'Allocation adulte handicapé est un problème Pourquoi le vote contre la "déconjugalisation" de l'Allocation adulte handicapé est un problème© Adobe Stock
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Ce mercredi 17 juin, le gouvernement français vient de bloquer la "déconjugalisation" de l'allocation aux adultes handicapés (ou AAH), et donc, d'empêcher les élu·e·s de voter à l'Assemblée nationale en faveur de cette initiative. Soutenue par de nombreuses associations luttant contre les discriminations des personnes handicapées, cette "déconjugalisation" incite à ne plus considérer les revenus du conjoint ou de la conjointe pour le calcul de ladite allocation, mais à réviser le calcul de ce montant en l'individualisant, comme le rappelle le magazine Capital.

Sur quoi se base l'AAH ? Les personnes handicapées dont le conjoint ou le conjointe gagnent plus de 1 020 euros net par mois bénéficient d'une allocation de 903 euros maximum. Mais pour cela, le conjoint ou la conjointe ne doit pas gagner plus de 1 625,40 euros par mois. Si tel est le cas, le versement est purement et simplement supprimé. Ce dernier varie donc selon les ressources du foyer concerné.

Une réalité fustigée par bien des voix engagées, et ce depuis des années. "A partir de 2 000 euros de revenus pour le conjoint, on n'a plus droit à l'AAH. Or, les ressources d'un conjoint ne font pas disparaître le handicap. De plus, on est ainsi à la merci de son compagnon", a ainsi dénoncé Pascale Ribes, présidente de APF France Handicap, lors d'une mobilisation sur le parvis de l'Hôtel de Ville.

Mobilisation où se sont rejointes 200 personnes le 13 juin 2021 à Paris pour réclamer que le calcul de l'allocation adulte handicapé (AAH) s'émancipe des revenus du compagnon ou de la compagne, tel que le relève encore le site Informations Handicap. "Je ne partage pas mon handicap, mon AAH non plus", pouvait-on ainsi lire sur les pancartes des collectifs réunis. Un discours on ne peut plus clair, et une lutte compliquée.

Une lutte contre les discriminations

Car la demande des personnes concernées s'est vue ignorée par le gouvernement, lequel a exigé un "vote bloqué" et l'a fait valider par la commission des Affaires sociales, suscitant dès lors un scandale dans l'hémicycle. Pour l'avocate en situation de handicap et militante Elisa Rojas, cette demande d'émancipation conjugale est "une guerre de l'autonomie". D'aucuns fustigent dès lors "l'handiphobie" du gouvernement. La secrétaire au Handicap Sophie Cluzel,se voit ainsi fustigée. Ses arguments ? "Cette proposition de loi ne pourra pas s'appliquer avant des années car aucun système informatique ne pourra la mettre en oeuvre." Irrecevable, selon les associations et personnes concernées.

"En plus, les femmes handicapées sont souvent plus victimes de violences conjugales", explique au journal Fatima, l'une des manifestantes en situation de handicap. "La conséquence de ce calcul pour la personne handicapée, c'est qu'elle se retrouve en situation de dépendance financière vis-à-vis du conjoint ce qui peut entraîner des relations conflictuelles et de la violence et un sentiment d'infériorité", développe à l'unisson Odile Maurin, présidente de l'association Handi-Social, à Slate.

Avant d'ajouter : "Il y aussi une conséquence sur la personne valide : elle accepte volontairement de se mettre en situation de pauvreté parce qu'elle a choisi de vivre avec quelqu'un en situation de handicap". Autant de maux qui expliquent donc l'importance de cette "déconjugalisation". Une initiative condamnée à l'exclusion ? Pas forcément : cette demande d'autonomisation devrait faire l'objet d'une deuxième lecture au Sénat.

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