Elisa Rojas est une personnalité féministe inspirante au possible. Avocate "handi" abondamment suivie sur les réseaux sociaux, elle milite depuis des années pour les droits des personnes handicapées. Ses luttes sont multiples : égalité des droits, féminisme intersectionnel, combat pour plus d'inclusivité, de visibilité et d'accessibilité.
Et ce mois-ci, c'est le magazine Marie Claire qui a décidé d'honorer ses combats pluriels, en lui dédiant sa dernière Une. Plus précisément, la revue propose huit couvertures différentes (et toutes classes à souhait) à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Au fil de ses Unes sont notamment mises en avant la chanteuse Lous and the Yakuza (nommée comme Révélation aux dernières Victoires de la Musique), l'actrice militante Aïssa Maïga, saluée pour ses prises de position fortes, l'autrice Annie Ernaux, ou encore l'autrice et réalisatrice Grace Ly, également co-instigatrice du podcast engagé Kiffe ta race.
Et donc, Elisa Rojas, dont la Une est historique. Car l'avocate devient la première femme en fauteuil roulant à décrocher la Une d'un magazine féminin français. Une indiscutable révolution éditoriale. Réjouissant.
"Je viens de me lever et vous êtes déjà à fond ! Apparemment vous aimez cette couverture du numéro spécial #8Mars2021 de Marie Claire. Vous avez raison. Elle est très belle", a réagi Elisa Rojas sur Twitter. "Comme dit une personne que j'aime beaucoup (à savoir la cinéaste Amandine Gay), il faut 'ouvrir la voie' et la voix, comme d'autre l'ont ouvert avant nous. Nous ne sommes pas encore aux Oscars, mais je voudrais remercier la directrice des rédactions pour son travail".
Une couverture qui compte. L'experte en droit est la co-fondatrice du Collectif Luttes et handicaps pour l'égalité et l'émancipation, groupe de militants et d'activistes directement concernés par le handicap qui cherchent à faire changer les choses en France, en dénonçant notamment les discriminations dont sont victimes les personnes en situation de handicap. Les préjugés validistes par exemple, c'est à dire ceux des personnes "valides".
Au site Auféminin, la militante se réjouit de cette expérience, mais tient à modérer quelque peu l'enthousiasme général : "Cette couverture m'a été proposée dans le cadre de la promotion de mon livre Mister T. et moi, aux éditions Marabout. J'ai réfléchi et j'ai dit oui. Mais ce n'est pas une fin en soi, ni sur un plan personnel ni sur un plan politique - je ne rêve plus d'être en couv' d'un magazine féminin depuis que je suis adulte. Ce n'est pas cette photo qui va changer un système, en l'occurrence, une société validiste", déclare-t-elle.
L'avocate salue tout de même la portée enthousiasmante de cette couverture, celle d'un magazine mainstream qui devrait volontiers éveiller les consciences. Une médiatisation qui, on l'espère, sensibilisera et surtout, mobilisera. "Il y a toute une nouvelle génération de militantes et de journalistes qui font bouger les lignes. Et quand on sera enfin partout, on aura gagné", achève en ce sens la principale concernée.