À 59 ans dont 25 années passées dans la politique, Angela Merkel s'apprête peut-être ce dimanche à être réélue à la tête de la chancellerie allemande. En tête des sondages dans la course aux législatives face au social-démocrate Peer Steinbrück, la chancelière, nommée par le magazine Forbes femme la puissante du monde, a décidé, pour séduire l'électorat féminin, de réviser son image politique. Exit l'image de mère autoritaire et pragmatique qui lui colle à la peau depuis huit ans : pour inciter les 32 millions d'électrices allemandes à la réélire une troisième fois à la tête du pays, Angela Merkel a décidé de se montrer « femme » pour prouver que, derrière la « Mutti » (« Maman » en allemand) à la poigne de fer, se cache une femme sensible aux « beaux yeux » des hommes, qui aime faire la cuisine pour son mari.
Ainsi, lors de sa campagne, Angela Merkel a à tout prix cherché à se départir de son image de femme forte et a joué la carte de la proximité avec ses électrices. Quand elle ne tient pas tête aux autres chefs d'État pour dicter la politique économique de l'Europe, Angela aime rester chez elle pour se « se libérer l'esprit » et se consacrer à des plaisirs simples, comme « lire » et mijoter des petits plats pour son mari. « J'adore faire la cuisine, et mes plats favoris sont les "roulades" et la soupe de pommes de terre, confiait-elle récemment à l'AFP. Mon mari se plaint rarement. Seulement quand il n'y a pas assez de pâte sur le crumble. » Une parfaite femme au foyer, Angela ?
Pour les experts de la communication politique pourtant, cette image de « housewife » est parfaitement maîtrisée, puisqu'elle permet à Angela Merkel de reprendre le contrôle sur le surnom complaisant dont l'a affublé le peuple allemand : « Mutti ». Citée par l'AFP, la journaliste et écrivain Bascha Mika, analyse : « Elle s'est emparée de ce qui était une insulte et s'en est fait une image de mère de la nation, qui prend en charge vos soucis, qui a tout sous contrôle […] Je trouve ça très astucieux, mais aussi néfaste, car elle traite les électeur comme des enfants, leur dit : "Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout". C'est le summum de la dépolitisation. »
Pourtant, insiste Angela Merkel, ni tyran de la politique, ni mère dominatrice, elle est surtout une femme. Signe que sa campagne politique est rondement menée, elle expliquait déjà en mai dernier dans le magazine Brigitte être une Allemande comme les autres, aimant « les beaux yeux » des hommes. Et concluait l'entretien en donnant la vision qu'elle a d'elle-même : « Je ne suis pas féministe, mais je suis un exemple intéressant de modèle féminin. »
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