On aurait pu trouver l'histoire sur Pépite sexiste, le compte Twitter qui recense les pubs, textes, affiches qui dégradent les femmes à coup de clichés nocifs, et les enferment dans des rôles de genre discriminants. Cette fois-ci, et parce qu'elle ne supporte pas, comme la majeure partie d'entre nous, les infatigables injonctions et autres comportements sexistes qui pullulent en ligne et ailleurs, c'est Angèle qui s'est chargée de dévoiler une triste trouvaille.
Alors qu'elle cherchait un synonyme du mot "masculin", elle a été curieuse de voir ce que Synonymo.fr, dictionnaire en ligne, proposait pour "féminin". "J'ai cherché le mot 'masculin' sur Internet et j'ai trouvé 'force' et 'puissance'", explique-t-elle dans une story qu'il est toujours possible de voir sur son compte Instagram (baptisée "Casse ambiance", en référence au numéro de Valeurs Actuelles sur le féminisme).
"Je me suis dit 'tiens je vais chercher 'féminin'". Elle filme alors l'écran de son ordinateur, et tape le mot, qui la mène au terme "efféminé", puis à des adjectifs qui se rattachent principalement au physique, et à sa supposée faiblesse. "'Féminin' c'est efféminé, c'est mince, c'est chétif", déplore Angèle. Elle adresse un sourire ironique à la plateforme en la remerciant pour ce moment, avant de citer une dernière fois les qualificatifs aberrants prêtés au terme femme. "Je me sens muse, je me sens nénette, je me sens épouse".
Si l'affaire indigne, malheureusement, elle n'est pas isolée. Car sur d'autres sites de synonymes aussi, le résultat est révoltant. On a d'ailleurs fait la recherche du côté du dictionnaire reconnu établi par le Crisco (Centre de recherches inter-langues sur la signification en contexte) de l'université de Caen. Et si "chétif" n'est pas sur la liste, pour le mot "femme", on trouve tout de même "grognasse", "rombière", "poule" et "femmelette". Du côté des hommes, on trouve "chaud lapin" et "bougre", mais rien de plus dégradant. Heureusement, et contrairement à la découverte de la chanteuse belge, le terme "être humain" est bien associé aux deux genres.
Autre cas, même sujet : en début d'année, une internaute a mis à jour la définition ahurissante que le Larousse donnait pour certains mots, trahissant la misogyne ancrée dans la langue française. "Présidente" voudrait ainsi dire "femme du président", et non dirigeante. Pour d'autres métiers, même topo : si elle en a le nom, la femme n'en a ni les compétences, ni les mission. "Boulangère" désigne ainsi la "femme du boulanger, qui tient la boutique", et "bouchère", la "femme du boucher, qui tient (elle aussi) la boutique". Quelques jours plus tard, la fiche "présidente" disparaissant, au profit de "président·e", en écriture inclusive. Des petits progrès qui prouvent que le chemin est encore long...