Ce matin, je suis comme le monde entier depuis plusieurs mois, inondée par les infos sur le Coronavirus, le décompte des malades et des morts, à l'heure des pénuries de masques et de gels hydroalcooliques et comme j'ai envie de me changer un peu les idées, je vais sur Facebook. Et là... Pire que l'ambiance mortifère et morbide planétaire, je tombe sur cette couverture totalement "collector" de Valeurs actuelles.
Je re-bois quelques tasses de café et je sens bien que je n'arrive pas à me calmer. Ça monte doucement mais sûrement... Cette couv' me fout particulièrement en colère, j'ai envie de tout casser mais comme je suis une femme de 40 ans et une adulte donc, je me raisonne. Non. Ça ne passe pas. Pas cette fois-ci.
J'en ai raz-le-bol d'entendre ou lire que certaines personnes sont "fatiguées" de #MeToo, que "Bon, ça suffit, on en a déjà suffisamment bien parlé, on peut passer à autre chose...", "Vous allez nous tuer avec votre féminisme". Non, ce matin, je bous et je me dis que la meilleure chose à faire, c'est de pousser moi aussi un coup de gueule. Peut-être que d'autres se joindront à moi, en tout cas j'y crois très fort après ma neuvième dose de caféine. C'est vrai que j'aimerais me dire que c'est une parodie du Gorafi, ou encore une bonne blague d'un copain graphiste, mais non : c'est une vraie Une en mars 2020 !
Je reprends conscience et j'ai une pensée pour les journalistes, les abonnés et lecteurs de Valeurs actuelles qui me semblent comme toujours trop décomplexés, totalement en roue libre quant à leur propre "liberté de parole".
Cette droite dure qui se permet de titrer :
"Comment les féministes sont devenues folles ?"
Parce qu'avant, elles étaient comment les féministes ? Raisonnables ? Trop sages ? Trop peu nombreuses ? Invisibles ? Pas crédibles ? Pas mobilisées ? Qu'est-ce qu'un "féminisme bas de gamme" qui "casserait l'ambiance" ? C'est quoi d'abord un "féminisme haut-de-gamme" ? Je veux bien qu'on commande une étude comparée.
Nous avons encore du boulot et il me semble impératif de devoir combattre cette idéologie crasse sur le terrain des idées. Cette France patriarcale radote, mais elle n'est hélas pas suffisamment moribonde. Elle est vive, elle a la peau dure. Retroussons nos manches, filles et garçons, femmes et hommes, poussons coups de gueule sur gueule sur coups de gueule s'il le faut. Mettons à mal ces pensées agressives et réactionnaires.
Et pour finir sur une note plus nostalgique, je crois savoir qu'ils aiment bien ça la nostalgie, j'ai un message personnel.
Je fais appel à leurs vieux souvenirs, à tous ces gens abonnés ou lecteurs de ce magazine, je fais appel à leur mémoire, car oui c'est sans doute très vieux pour certains et certaines d'entre eux : je pense à l'apprentissage de la marche. Voilà qui est universel, car oui, nous avons toutes et tous un jour appris à marcher.
Vous me voyez venir, j'y viens. A tous ceux que cela emmerde de voir le monde avancer, à tous ceux que cela met en déséquilibre, alors oui, c'est vrai : un pas devant l'autre, ça passe par un grand déséquilibre mais une fois l'autre pied à terre posé, on gagne un sentiment inouï de gratification et d'accomplissement. Rappelez-vous comme vos parents étaient fiers !
En tout cas, moi j'y crois : une fois qu'on aura posé le pied à terre pour de bon, on aura lancé un mouvement, une dynamique, un moment où, je l'espère, nous écrirons tous ensemble une nouvelle page de l'Histoire sans ne plus jamais mettre de guillemets au mot PATRIARCAT.