Depuis plus de 70 ans au mois de décembre, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) actualise sa liste de rouge des espèces animales et végétales menacées. D'année en année, le bilan s'alourdit. En 2020, ce sont 31 nouvelles espèces qui sont déclarées éteintes et plus de 3 000 animaux et végétaux menacés.
"A chaque actualisation de la liste, nous confirmons ce que nous savons déjà, nous perdons de la biodiversité à un rythme sans précédent", alarme le président de l'unité 'liste rouge' de l'UICN, Craig Hilton-Taylor, auprès du Monde. "La perte d'espèces est maintenant entre 100 et 10 000 fois plus rapide que le taux d'extinction naturel."
En clair, 128 918 ont été évaluées sur lesquelles 35 765 sont menacées d'extinction. Parmi elles : la noix de Macadamia, le chêne du Japon, mais aussi le tucuxi ou sotalie de l'Amazone, un dauphin d'eau douce ("toutes les espèces de dauphins d'eau douce du monde sont aujourd'hui considérées comme menacées", déplore d'ailleurs l'UICN dans un communiquée).
La France figure quant à elle au tableau des dix pays accueillant le plus d'espèces menacées, avec 1 606 présentes en métropole ou en Outre-mer. Autre donnée dramatique : 31 animaux et végétaux rejoignent aussi les 980 déjà considérées comme éteintes. Parmi elles, le "requin perdu", des grenouilles ou des poissons d'eau douce.
La raison de cette hécatombe, l'organisation la connaît : l'humain. "Bien qu'elles soient variées, les menaces qui pèsent sur les espèces ont un point commun", poursuit Craig Hilton-Taylor, "elles sont presque toutes causées par l'interaction des humains avec la nature : nos modes de production et de consommation non durables, le commerce illégal d'espèces sauvages, la pollution, les espèces envahissantes ou le changement climatique". Dans le lac Lanao, aux Philippines, 17 espèces de poissons ont ainsi disparu à cause de deux autres, introduites par accident il y a cinquante ans.
Si le constat est terrible et ne fait qu'alerter sur l'urgence actuelle, l'UICN apporte aussi quelques bonnes nouvelles. Vingt-six, exactement, qui correspondent à des améliorations de statuts. On retrouve ainsi la grenouille d'Oaxaca, qui est passée de "danger critique" à "quasi menacée". Idem pour le bison d'Europe, qui quitte la catégorie "vulnérable" pour entrer dans "quasi menacée". Ils n'étaient plus que 1 800 en 2003, et sont désormais 6 200 grâce à l'intervention de spécialistes. "[Cela] montre que les efforts de conservation peut changer le cours des choses", s'enthousiasme Craig Hilton-Taylor.
Une aide humaine qui interpelle cependant certains experts : car si l'homme permet de sauver ces animaux, c'est aussi lui le majeur responsable de leur disparition. "Ce genre de rétablissement est une bonne chose, mais cela montre qu'on est obligé d'avoir une intervention régulière de l'homme pour maintenir cette espèce", analyse le chercheur Nicolas Loiseau dans les colonnes du Monde. La solution : "préserver les écosystèmes dans leur globalité pour éviter que la nature ne ressemble à un zoo et qu'elle ne puisse fonctionner sans intervention de l'homme." Et ce, le plus rapidement possible.