"Je suis là comme fille d'un pédocriminel. Quand vous êtes la fille d'un monstre, vous vous demandez si vous n'êtes pas un monstre vous-même". Ils sont puissants, ces mots décochés par la femme politique et militante féministe Audrey Pulvar au micro de France Inter. Ce 15 février dernier, l'adjointe à la mairie de Paris est revenue sur des faits incriminant son propre père, Marc Pulvar. Les cousines d'Audrey Pulvar accusent celui-ci de pédocriminalité.
Des accusations dont lesdites victimes, Karine Mousseau, Barbara Glissant et Valérie Fallourd, lui auraient fait part en 2002, et qui ont été ouvertement évoquées dans une tribune parue au début du mois de février. Marc Pulvar y est notamment qualifié de "prédateur sexuel" par les trois instigatrices du texte. "Je suis toujours du côté des victimes, de celles et ceux qui dénoncent ce type de crime, surtout quand elles en sont les victimes", a poursuivi sur le même ton Audrey Pulvar sur les ondes de la radio.
Des paroles qui importent à l'heure du mouvement #MeTooInceste, entre autres porté par des voix comme celle de l'autrice Camille Kouchner. La libération de la parole, justement, est un sujet qui inspire l'adjointe à la mairie. Elle raconte pourquoi avec la même éloquence : "J'entends beaucoup le mot de 'libération' de la parole. En vérité ça ne libère pas grand-monde. On ne repart pas joyeux, gai et léger", explique-t-elle.
Un message fondamental pour mieux entendre les victimes.
Et Audrey Pulvar de poursuivre : "En revanche, ça dit les choses, qui sont massives, pas anecdotiques, pas de telle famille ou de telle classe sociale. Les violences sexuelles, en général, les violences à l'égard des enfants, l'inceste en particulier, sont extrêmement répandues dans notre société. Ce qu'il faut, c'est faire en sorte que ça n'arrive plus, qu'on ne viole plus". On ne pourrait mieux dire. Aujourd'hui, les témoignages relatifs à l'inceste et à la pédophilie ont plus en plus voix au chapitre, comme en témoignent les mots de Coline Berry, qui accuse son père d'inceste.
"Les victimes parlent quand elles peuvent parler, ça prend du temps et il faut respecter cette parole", affirme encore Audrey Pulvar. Et les propos bienveillants de la femme politique ont généré une large vague de partages et de soutiens sur les réseaux sociaux. "Témoignage très émouvant et courageux. Respect pour cette prise de parole", "En admiration devant une telle force, devant un tel courage ! Les mots justes !", "Vous êtes une femme admirable d'humanité", peut-on ainsi lire en réaction aux publications de France Inter.
Une réaction massive à laquelle la principale concernée a elle-même réagi le temps d'un tweet : "Merci à toutes et tous pour vos nombreux messages de soutien. Je ne peux pas répondre à chacune et chacun personnellement. Ce qu'on veut c'est qu'on ne viole plus. Ce qu'on veut c'est le respect et l'écoute des paroles des victimes, survivants et survivantes", y écrit-elle. A bon entendeur.