Bare Cheeky. Les nus culottés. C'est sous cette rigolote appellation que se présente la dernière série de photographies de l'artiste londonienne Poppy Thorpe. Des portraits de femmes qui détonnent par leur originalité. Car "culottées", ces héroïnes anonymes le sont littéralement. Voyez plutôt.
Afin de déconstruire les fantasmes ambulants et bousculer les injonctions de beauté - ces codes ronflants de "plastique parfaite" qui vous assaillent des féminins aux pubs du métro -, une dizaine de femmes d'origines différentes sont venues poser sous le regard bienveillant de la photographe, avec pour seuls oripeaux leurs sous-vêtements favoris. En résulte un panorama de ce que l'on voit trop peu sur Instagram ou dans les campagnes fashion : des corps "imparfaits" et jamais retouchés. Rides, tâches sur les fesses, marques au dos et vergetures sur les cuisses apparaissent. A nu. Et ça fait plaisir à voir. D'autant plus lorsque nous est précisé le processus du shooting.
Car oui, comme vous pouvez le constater en consultant le magazine Refinery29 - qui a mis en ligne l'intégralité des photos - celles qui s'affichent ont dans la main un interrupteur télécommandé. En appuyant, elles déclenchent le flash. Elles le font donc quand elles le veulent, et si elles le veulent. L'idée de Poppy Thorpe est de leur assurer une "zone de confort", sans les prendre au dépourvu ou imposer son regard d'artiste. Au fond, il s'agit d'être en adéquation avec les vertus de ce shooting intimiste sur fond gris : se libérer des pressions extérieures, être fière de son corps et revendiquer sa singularité. S'émanciper un temps de ces regards qui sur-sexualisent le corps des femmes et de tous ces complexes nourris à grands coups de body shaming.
Au contraire, Bare Cheeky est une série body positive valorisant l'inclusion et le respect de l'autre. Une conviction particulièrement chère aux yeux de la photographe britannique. La preuve ? Deux des modèles du shooting ne sont autres que sa tante et sa grand-mère ! La semaine dernière, nous vous évoquions la force virale et sororale du hashtag #CelluLIT, porté par une idée aussi simple que salvatrice : "la vie est tellement plus facile quand vous la vivez pour VOUS, pas pour l'idéal de beauté tel qu'il est défini par autrui, la validation d'untel ou une quelconque idée de perfection socialement construite : être toi, c'est déjà suffisant". Une semaine après l'autre, les projets inspirants délaissant les filtres Instagram au profit d'une "vérité nue" se suivent mais ne se ressemblent pas. Des bonnes ondes qui se propagent et rafraîchissent considérablement notre fil Insta.