Les nouvelles générations féministes s'expriment largement sur TikTok : elles partagent régulièrement leurs conseils-lectures, leurs convictions, les tendances qui comptent... Et leurs "tips" pour lutter contre le sexisme ambiant. C'est le cas de la new-yorkaise Claire Wenrick, qui cartonne sur la plateforme avec une invention : la "chemise de métro".
Kézako ? Simple, la "chemise du métro", c'est une tenue high size qu'arbore régulièrement la créatrice de contenu de 24 ans quand elle sort, notamment quand elle prend les transports. L'idée est simple : la TikTokeuse se sert de cette fringue taille large pour masquer sa tenue officielle : une robe d'été, qu'elle porte en dessous. Ni vue ni connue.
Vous le devinez, l'idée est de contrer les regards des harceleurs et des gros relous en dissimulant ses fringues officielles, plus légères et glamour. Auprès du Guardian, Claire Wenrick s'explique : "C'est un moyen de protéger ma sécurité en allant du point A au point B. Je ne veux pas devenir une cible, aussi bizarre que cela puisse paraître !". Une idée qui a suscité l'enthousiasme.
Mais attriste pas mal, aussi.
Cette initiative a plu. Elle apparaît comme un geste très sororal : partager ses propres techniques pour affronter les porcs, dans une société où le harcèlement de rue, et le harcèlement dans les transports (le métro est un très bon exemple) sont banalisés. Surtout l'été, quand robes et jupes se multiplient.
Mais bien sûr, pour avoir recours à de telles extrémités (se planquer sous une chemise surdimensionnée et informe, tout simplement) il faut vraiment que les expériences persos aient été désespérants à souhait. On en doute pas. La créatrice elle-même le déplore auprès du journal britannique : "J'aimerais ne pas avoir à en porter et être en sécurité en m'habillant comme je veux. En plus j'ai l'impression de revenir à un code vestimentaire du lycée en tant qu'adulte - faire en sorte de m'habiller pour que les hommes me laissent tranquille".
En fait, ce n'est pas une "astuce" (terme un brin trop light), mais une "stratégie" : tout comme feindre un appel la nuit quand on se sent suivie, serrer ses clés dans sa main lors du chemin de retour... En parler de manière plus insouciante sur TikTok, c'est aussi sensibiliser le plus grand nombre à un fléau.
Et ce sans sombrer dans le "victim blaming" : pas question de suggérer que la tenue doit être prise en considération concernant ce qui pourrait arriver à celle qui la porte, surtout pas. D'ailleurs quand elle arrive à son lieu de rendez-vous, la porteuse de la chemise de métro la retire évidemment immédiatement.
Une invention qui a beaucoup fait réagir comme on s'en doute, et rappelle aussi que c'est hélas bien trop souvent du côté des victimes que les lignes sont bousculées. Dans l'attente de vrais grands changements qui rendraient le patriarcat moins infernal.