Sur TikTok, la danse est un indispensable, et elle accompagne bien des "tendances" de la plateforme privilégiée des jeunes générations. C'est aussi un très bon terrain d'entraînement - et de création - pour tous ceux et celles qui désirent imposer leur style en bougeant leurs corps au son de hits divers.
C'est le cas de cinq jeunes iraniennes, qui comme beaucoup d'autres utilisatrices ont simplement posté sur la plateforme des vidéos où elles enchaînent des chorés dynamiques. On les voit vêtues de crop-top, ventre et cheveux libérés, se mouvant au son de l'entraînant "Calm Down", de l'auteur-compositeur-interprète nigérian Rema (en feat avec Selena Gomez).
Mais cela n'a pas plu du tout aux autorités, qui ont procédé à leur arrestation après visionnage de leurs publications très relayées la semaine du 8 mars - des vidéos devenues virales. Doit-on s'étonner de cette répression imposée aux femmes, de leurs libertés de mouvement à leurs choix vestimentaires ?
Hélas non. Dans un pays bousculé par les mobilisations populaires - depuis le mois de septembre 2022, les citoyennes descendent dans les rues afin de s'indigner de la mort suspecte de Mahsa Amini, 22 ans, décédée après son arrestation par la police des moeurs - c'est notamment le port du voile, et surtout, sa surveillance de plus en plus intrusive par les autorités, qui illustre le sort réservé aux femmes, et à leurs droits fondamentaux.
En septembre 2022, Mohammad Saleh Hashemi Golpaygani, secrétaire iranien de l'organisation de la promotion de la vertu et le rejet du vice, proposait à ce titre un nouveau projet : le contrôle du port du voile... par reconnaissance facile, à l'aide de caméras de surveillance. Amendes à la clé. Mais pas la peine de remonter si loin. Depuis janvier dernier, le programme Nazer-1 ("surveillance" en persan) a inauguré en Iran le contrôle du voile en voiture... Par textos. Chaque contrevenante reçoit un SMS envoyé par les services de police.
C'est dire si cet état d'esprit contraste furieusement avec les danses joyeuses des jeunes iraniennes. Relayées sur TikTok mais également Telegram et Twitter le 8 mars dernier, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, les images incriminées ont rapidement suscité la désapprobation des autorités nationales, qui après inspection des images de vidéosurveillance du quartier de Téhéran où a été tourné la vidéo, ont procédé à l'emprisonnement des cinq jeunes femmes. Une détention qui aurait duré deux jours.
Les principales concernées, relève le magazine Elle, ont également du procéder à une vidéo d'excuses, où l'on peut d'ailleurs les voir les cheveux recouverts par un voile islamique. Une situation qui a suscité l'émoi de Rema, l'auteur du fameux tube que l'on peut entendre dans la vidéo de danse. Roi de l'afrobeat, l'artiste a souhaité l'espace d'un tweet défendre le geste de "ces magnifiques femmes qui se battent pour un monde meilleur".
"Vous êtes une source d'inspiration, je chante pour vous et je rêve avec vous", a-t-il écrit dans son tweet. Une publication abondamment relayée qui vient apporter un soutien nécessaire à ces jeunes femmes devenues malgré elles des icônes de liberté et de contestation.