Bertrand Bonello a rassemblé de nombreux talents et espoirs du cinéma pour créer son « Saint Laurent », deuxième biopic de l'année consacré au couturier Yves Saint Laurent. Outre Gaspard Ulliel dans le rôle principal, Jérémie Renier prête ses traits à Pierre Bergé, Amira Casar joue le personnage d'Anne-Marie Munoz et Aymeline Valade incarne Betty Catroux. Jérémie, Amira et Aymeline nous en disent un peu plus sur le film, et sur la manière dont ils ont travaillé leur interprétation.
Après son incroyable prestation dans le biopic sur Claude François, « Cloclo », Jérémie Renier récidive en jouant Pierre Bergé dans « Saint Laurent ». Problème pour l'acteur, le « vrai » Pierre Bergé, qui avait étroitement collaboré à « Yves Saint Laurent », sorti en début d’année, a choisi de ne pas apporter son sceau au personnage. Une pression supplémentaire pour l'acteur ? Voici pour mémoire le teaser du film « Cloclo »:
« Je ne me suis pas senti visé tout de suite », estime Jérémie Renier, « même si je pourrais me demander "Mon dieu qu’est-ce-que Pierre Bergé va penser de l’interprétation que je vais faire de lui ?"». Et l'acteur de poursuivre: « dans un biopic, on peut s’appuyer sur de la documentation […] il y a plein de choses à chercher », raconte-t-il. Mais l'absence de collaboration avec Pierre Bergé en personne l'a tout de même forcé à chercher d'autres sources d'inspiration. Il explique ainsi s'être imprégné « de personnes dans la rue », « d'amis » ou encore « d’autres acteurs »: « le plus important est de savoir ce que l'on a envie de raconter, au delà de l’histoire qu’on nous propose ».
Pourtant, il l'assure - il a fait attention à ne pas grossir le trait: « rien n’est tiré vers quelque chose de trop dur. C’est un homme intelligent, qui a ses affaires, qui a un homme qu’il aime et qui est compliqué, lui à ses propres complications et voilà, rien de plus », explique-t-il. De nombreux critiques osent à ce stade la comparaison entre le Pierre Bergé de l'oeuvre de Jalil Lespert et celui de Bertrand Bonello: le second donne à voir un homme radicalement différent, tout en étant d'une certaine manière complémentaire. En filigrane, les deux Pierre Bergé reflèteraient deux manières d'envisager le rapport à l'art et à la création propres aux deux cinéastes.
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Pour travailler son rôle, Amira Casar dit s'être plongée dans les créations les plus cultes de l'oeuvre d'Yves Saint Laurent: « j’adore quand Saint Laurent disait "j'habille la maîtresse et pas la femme". Il y a toujours cette idée dans la mode de Saint Laurent qu’il y a quelque chose de dangereux, d'envoûtant, de baudelairien, de noir, d'opaque et de transparent », explique-t-elle. Pour elle, sans aucun doute, ses pièces favorites du créateur sont celles qui impliquent des matières « velours », mais aussi et surtout ses pièces inspirées des « capes de Marrakech ».
Elle a d'ailleurs une histoire personnelle avec ce type de vêtement : « j’adore les capes ! », commence-t-elle. Celle qui incarne dans le film Anne-Marie Munoz explique que ce penchant lui vient de l'enfance: « j’étais dans une école où il fallait porter des capes », se souvient-elle. Puis avec malice elle ajoute, dans un éclat de rire: « on ne vous dit pas ce qu’on portait en-dessous ! ». Amira Casar avait été nominée en 1997 aux Césars dans la catégorie « Meilleur espoir féminin » pour son rôle de « Sandra » dans « La Vérité Si Je Mens ! ». Souvenez-vous:
Aymeline Valade est mondialement célèbre pour sa carrière de mannequin. Et c'est la première fois qu'on lui propose un rôle au cinéma. Pour la top model, la participation au casting de « Saint Laurent » semblait couler de source, tant elle voue une admiration envers le couturier. Elle explique être frappée par la véracité de la formule « la mode d’aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était avant », que l'on prête à Saint Laurent: « Je dois admettre que [la mode] manque de poésie aujourd’hui », lance-t-elle. Et de regretter que la production de masse se soit substituée au « fait main » : « quand on a en main [du prêt-à-porter d'aujourd'hui] et qu’on les pose sur soi ça donne pas la même sensation que ce qui se faisait il y a quelques années », déplore-t-elle.
N'hésitant pas à parler de « finitions "Made in China" », elle salue néanmoins le travail de « certains designers comme Céline qui parviennent a rester irréprochables ». Parlant en des termes très sensuels, elle explique que ce qui la fait « vibrer » dans la mode, « c'est de rentrer dans un vêtement et de se sentir transformée ». Elle prend l'exemple de son manteau griffé Céline qui lui « donne des frissons » à chaque fois qu'elle le porte. Et si l'habit faisait finalement plus qu'embellir ? Serait-il capable de transformer jusqu'au comportement? À en croire Aymeline Valade, « enfiler les habits de… » veut dire bien plus que de se donner les atours d'une autre personne. Pour en avoir le coeur net, rendez-vous dans votre salle de cinéma la plus proche le 1er octobre.