Le clitoris sera-t-il enfin correctement représenté dans tous les manuels de sciences de la vie et de la Terre (SVT) ? L'impulsion devra venir des maisons d'édition plutôt que du gouvernement. Comme en témoigne un courrier du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse datant du lundi 15 juillet, celui-ci affirme n'avoir "ni la vocation ni le droit de prescrire le contenu des manuels scolaires".
Diffusé mardi 16 juillet sur le compte Twitter "It's not a bretzel", ce courrier, dont l'envoi a été confirmé au HuffPost par le ministère, est une réponse à la pétition lancée le 7 mars dernier pour que cet organe soit aussi fidèlement représenté dans les manuels que l'est l'anatomie masculine. Celle-ci était adressée à Marlène Schiappa ainsi qu'à Jean-Michel Blanquer.
Derrière la campagne "It's not a bretzel", Julia Pietri, créatrice du "Gang du clito", Bouchera Azzouz et Ouarda Sadoudi, de l'association Féminisme populaire et Axelle Jah Njiké, administratrice du Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles. Au départ, il s'agit d'une campagne d'affichage dont le mot d'ordre est de libérer la sexualité féminine et de révolutionner le clitoris.
Ce sont elles qui ont lancé la pétition signée par près de 60 000 personnes parmi lesquelles la chanteuse Angèle, les autrices Pénélope Bagieu et Léonora Miano, les animatrices Daphné Bürki et Karine Le Marchand, mais aussi des journalistes, associations, gynécologues.
Dans le courrier signé par Christophe Pacohil, le chef de cabinet de Jean-Michel Blanquer, il est indiqué que "les éditeurs ont entière liberté et responsabilité en ce qui concerne la conception, le choix des auteurs, la rédaction et l'illustration des manuels qu'ils proposent".
Il est aussi ajouté que "les enseignants disposent, de leur côté, d'une liberté pédagogique et choisissent eux-mêmes les ouvrages qu'ils souhaitent utiliser. La conformité aux programmes nationaux, la rigueur scientifique, la qualité des textes, des documents et les approches pédagogiques proposées sont généralement les critères retenus par les équipes pédagogiques. Ce choix est ensuite validé par le chef d'établissement."
Le gouvernement recommande par ailleurs aux autrices de la pétition de s'adresser directement aux maisons d'édition afin d'échanger sur la représentation du clitoris dans les manuels scolaires."
Comme le soulignait Buzzfeed en 2016, les programmes sont axés sur la procréation. Auprès de ce site, le ministère de l'Éducation nationale précisait déjà que rien n'empêchait les éditeurs de représenter le clitoris car "la connaissance anatomique sexuelle est dans les programmes dès le cycle 4". Lorsque l'on se tourne vers les objectifs de l'éducation à la sexualité, on retrouve dans les programmes officiels la mention de "champ biologique" soit "tout ce qui est de l'ordre de l'anatomie, la physiologie, la reproduction et ce qui en découle, en termes de contraception, de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) et du VIH-sida". Rien n'oblige mais rien n'empêche non plus une représentation correcte du clitoris.