Son élection a fait du bruit. Sanna Marin, âgée de seulement 34 ans, a été élue Première ministre de Finlande le mardi 10 décembre 2019. Pour siéger au gouvernement à ses côtés, la cheffe d'Etat a nommé une majorité de femmes (douze contre sept hommes). Une volonté de parité qui lui est chère, en ligne avec ses ambitions pour le pays : "Nous voulons construire une société qui soit socialement, économiquement et écologiquement durable. Nous voulons renforcer l'égalité, l'éducation et les compétences. Nous voulons que la Finlande soit un pays où chaque enfant puisse devenir ce qu'il veut et où tout le monde puisse vivre et vieillir en toute sécurité et avec bonheur. Nous allons être actifs dans l'Union européenne et dans le monde".
L'une de ses premières réformes aussi colle à ce qu'elle a promis le jour de son élection. Ce mercredi 5 février, Sanna Marin a ainsi annoncé qu'elle rallongerait les congés maternité et paternité d'ici 2021. De 4 mois pour la mère et 2 mois pour le père, ils passeront alors à 7 mois chacun.
Le but : rendre la parentalité égalitaire, faciliter le retour à la vie active des parents et assurer une neutralité de genre. Le transfert de congés sera également possible à hauteur de 69 jours, dans le cas où l'un des deux parents souhaite bénéficier de davantage de temps. Pour Aino-Kaisa Pekonen, ministre de la Santé et des Affaires sociales, cette "réforme radicale" qui coûtera environ 100 millions d'euros au gouvernement, permet "une meilleure égalité entre les parents et la diversité entre les familles".
Mais derrière cette mesure se cache également un constat critique. En Finlande, la natalité chute chaque année. Entre 2010 et 2018, elle a d'ailleurs baissé d'un cinquième, avec 45 597 nouveaux-nés pour 5,5 millions d'habitant·es, un chiffre qui n'a pas été aussi peu élevé depuis la famine de 1868. La ministre l'avoue, il s'agit donc aussi d'une façon de booster les naissances.
En France, le congé maternité est de 16 semaines, et le congé paternité est de 11 jours consécutifs minimum, ce à quoi s'ajoute les jours offerts par l'entreprise, selon sa bonne volonté. Une durée dérisoire qui ne fait que renforcer les inégalités : la mère devenant a fortiori supposée à la charge de l'enfant et du foyer.
"La France est quand même très en retard par rapport à la quasi-totalité de ses voisins européens", déplore Marie-Noëlle Battistel, vice-présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, à Slate. Le média rappelle que dans le milliard d'euros dédié en 2020 à l'égalité hommes-femmes, la question du congé paternité ou du deuxième parent n'est même pas abordée. En Espagne, il est passé de 5 à 8 semaines en 2019, en Allemagne les deux parents peuvent partager 14 mois, payés à 67 % de leur salaire, selon Le Figaro.
Sur BFM, en mai 2019, la secrétaire d'Etat chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, estimait que le congé paternité pourrait être "rallongé" et "mieux rémunéré". Un projet qui reste encore, trois ans après son arrivée au gouvernement, à l'état d'éventualité.