Les jeunes pères pourront-ils bientôt rester plus longtemps auprès de leur compagne après la naissance de leur enfant ? Le projet d'allongement du congé paternité est en tout cas à l'étude, a annoncé Marlène Schiappa.
Invitée lundi 22 janvier sur CNews, la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes a annoncé que la rédaction d'un rapport sur le congé paternité avait été commandée à l'Inspection générale des affaires sociales (Igas). Saisie conjointement par les ministres Gérald Darmanin, Muriel Pénicaud et Agnès Buzyn, l'instance a pour mission d'étudier les "possibilités d'allongement" du congé de paternité et d'accueil du jeune enfant, mais aussi une "meilleure rémunération" et une "meilleure information", a précisé Marlène Schiappa. "Beaucoup de pères ne savent pas exactement quels sont leurs droits", a affirmé la secrétaire d'État.
Instauré en 2002 sous le gouvernement Jospin par Ségolène Royal, le congé paternité prévoit onze jours consécutifs pour une naissance simple et dix-huit pour une naissance multiple pour le père ou toute personne vivant en couple avec la mère. Indemnisé par l'Assurance maladie (et non par l'employeur), il est complété par le congé de naissance de trois jours, pris au moment de la naissance de l'enfant.
Or, dans les faits, tous les pères ne le prennent pas. Le gouvernement estime que seuls sept pères sur dix font les démarches nécessaires pour prendre le congé paternité. C'est très dommageable car non seulement ceux qui ne le prennent pas renoncent à des journées précieuses passées auprès de leur nouveau-né, mais aussi parce que ce congé paternité est un outil précieux en faveur de l'égalité femmes-hommes.
En 2016, un rapport publié par le Peterson Institute for International Economics, et portant sur les effets des congés maternité et paternité dans divers pays, avait établi un lien évident entre l'existence d'un congé paternité et la présence de femmes aux postes de direction. Comment l'expliquer ? Pour les auteurs de l'étude, cela est dû au fait que les hommes n'ayant pas la possibilité de prendre du temps pour s'occuper de leurs enfants s'appuient, de fait, sur leur femme. Celle-ci fait donc passer sa carrière après sa famille, ce qui évidemment des répercussions sur son évolution hiérarchique.
D'où l'intérêt, pour encourager la parité entreprise, augmenter le nombre de femmes aux postes de management et favoriser l'égalité salariale, d'oeuvrer pour un congé paternité plus long et mieux rémunéré. "Les politiques qui permettent aux parents de s'occuper de leurs enfants sans pour autant assigner explicitement cette tâche aux femmes ont pour effet d'augmenter les chances que les femmes développent leur sens des affaires et construisent des relations nécessaires pour pouvoir entrer dans un comité d'entreprise", affirmait le rapport.
Un constat partagé par Marlène Schiappa. "L'idée est d'avoir un meilleur partage des tâches parentales", car "si les femmes passent moins de temps aux tâches domestiques, elles pourront passer plus de temps à développer leur carrière", analyse-t-elle.
Si pour le moment, aucun calendrier n'a été fourni par la secrétaire d'État sur la date de rendu du rapport commandé à l'Igas, il est indéniable que l'idée d'allonger le congé paternité a fait du chemin ces derniers mois. En octobre, le magazine Causette avait lancé une pétition en ligne sur l'allongement à six semaines du congé paternité. "Onze jours pour accueillir un enfant, c'est dérisoire. Raison pour laquelle Causette, soutenue par des hommes, des pères ou des futurs pères, réclame que le gouvernement s'empare du sujet et envisage, contrairement à ce qu'il a annoncé, une réforme de ce congé paternité", écrit le magazine sur change.org. Soutenue par de nombreuses personnalités (Frédéric Beigbeder, Julien Clerc, Vincent Delerm, David Foenkinos, Guillaume Meurice, Thomas Piketti...), la pétition a recueilli plus de 47 000 signatures.