C’est un homme qui dit avoir découvert la souffrance en même temps que le courage des femmes congolaises : « J'opère des femme qui ont été torturées par des hommes, dont les points d'entrée et de sortie des balles sur le corps me laissent encore perplexe », explique-t-il au madame figaro.fr qui lui consacre un très beau portrait. « Mais leur première question au réveil concerne toujours les autres, la santé de leur entourage. La plupart des victimes deviennent ensuite activistes pour combattre ces violences. C’est une capacité qui m’étonne beaucoup, parce que je les ai vues dans un état de faiblesse extrême. Est-ce que moi, j’aurais cette force ? », s’interroge le gynécologue.
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Il y a 14 ans, Denis Mukwege a ouvert un hôpital à Bukavu pour venir en aide aux femmes victimes de viols de guerre, un fléau qui sévit sans relâche depuis le début des hostilités entre groupes armés dans cette région. Les 40 000 patientes qu’il a soignées pendant toutes ces années ne sont pas seulement traumatisées psychologiquement, « derrière chaque chiffre, il y a avant tout une femme qui a perdu son intégrité physique et psychologique, qui est handicapée, perd ses urines, est rejetée par son mari », peut-on lire sur madame figaro.fr. D’après la journaliste Colette Braeckman, auteure d’une biographie de Denis Mukwege, « L’homme qui répare les femmes » (éditions André Versailles), le viol utilisé comme arme de guerre n’a rien à voir avec la recherche du plaisir ou de la jouissance. « Il s'agit d'actes de terreur, visant à provoquer la fuite, la déchéance, le désespoir de populations civiles dont on veut prendre les terres ou les richesses », explique-t-elle dans une interview parue sur Youphil.com.
Le gynécologue, dont le nom avait été évoqué cette année pour le Prix Nobel de la Paix, vient de recevoir le prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits. Au-delà de son action sur le terrain, Denis Mukwege s’est adressé aux Nations-Unies pour dénoncer le drame humanitaire au Kivu et le massacre des femmes, ce qui explique sans doute en partie la tentative d’assassinat dont il a été victime en octobre 2012.
En avril dernier, le viol a été reconnu comme un crime de guerre par les pays du G8, signataires d’une déclaration établissant que le viol et les violences sexuelles en zone de conflits sont des infractions graves à la Convention de Genève au même titre que les crimes de guerre. Cette prise de position devrait permettre de poursuivre les coupables devant un tribunal ; international mais pour l’heure, seuls 12 soldats auraient été jugés au Congo, selon madame figaro.
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