En 2017, une étude constatait déjà que les plus de 25 ans se détournaient de la pilule contraceptive. Aujourd'hui, c'est au tour des plus jeunes de s'en détacher au profit de solutions qui leur conviendrait davantage. 44 % des 15-24 ans y auraient recours en 2022, contre 60 % en 2016, révèle une enquête de l'institut de sondage BVA menée auprès de 7 000 jeunes femmes pour le compte du laboratoire Effik.
Une baisse de 16 points qui s'explique par plusieurs facteurs. En cause, la craintes des hormones, une conscience environnementale accrue et des idées reçues qui ont la dent dure.
Auprès de Doctissimo, le gynécologue du CHU de Lille et secrétaire général du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (SYNGOF) Geoffroy Robin, s'estime "surpris" par ces retours. "Beaucoup de patientes sont inquiètes, ce qui tranche par rapport au début de ma pratique, il y a vingt ans. A l'époque, quand il fallait prescrire une pilule, il n'y avait pratiquement aucun stress. Aujourd'hui, c'est beaucoup plus compliqué".
Il remarque d'ailleurs que de nombreuses jeunes femmes (57 % des sondées) ont peur que cette habitude mette en péril leur espoir de concevoir un enfant plus tard. Ce qui est "archi-faux", martèle le spécialiste. "Il est très largement démontré qu'avec les pilules que l'on a aujourd'hui, il n'y a pas de blocage sur l'ovulation ni d'effet sur la fertilité."
71 % du panel craindraient également de développer un cancer. Pourtant, informe le Dr Robin, "ce que les jeunes femmes ne savent pas, c'est que la pilule a un effet protecteur contre le cancer de l'endomètre ou encore sur le cancer du côlon et du rectum, sans qu'on sache l'expliquer (-30 %)".
Preuve d'un manque d'information à ce sujet, 56 % des jeunes femmes interrogées souhaiteraient "recevoir des informations supplémentaires au sujet de la contraception", et 4 sur 10 ne savent pas ce qui différencie les pilules. Et puis, il y a aussi les différences de conviction et d'attentes, d'une génération à l'autre.
"On a des gynécologues de la génération dite des 'boomers' ; la prise de pilule symbolisait à leur époque une libération, gagnée grâce à la science. La science était aux côtés de la femme à ce moment-là. Aujourd'hui on est plutôt sur une science chez les jeunes qui est mise à défaut", constate auprès de Radio France la sociologue Emmanuelle Lefranc.
La pilule reste cependant le premier choix contraceptif des jeunes femmes, devant le préservatif (21%), le stérilet (4%) et l'implant (3%).
Une chose est sûre à la lecture de l'étude : les personnes concernées auraient besoin d'être mieux accompagnées dans leur parcours de contraception.