"Le confinement, c'est un mot bizarre réservé aux adultes. Les enfants ont un mot bien plus joli, qui veut dire la même chose : le "coconfinement". C'est par cette jolie pirouette d'introduction que la bande dessinée (à retrouver en PDF ici) imaginée par la psychomotricienne et illustratrice Marguerite de Livron (au dessin) et son frère Paul de Livron (au texte) a su capter notre attention. On croirait entendre un slogan : adieu le confinement, bonjour le coconfinement !
Avec ses planches pleines de couleurs et de gaieté, Marguerite de Livron délivre aux parents de beaux supports pédagogiques afin d'expliquer aux enfants la complexité de la situation actuelle : pourquoi faut-il "restez chez soi" ? Qu'est-ce au juste que le coronavirus ? Comment définir le "confinement" ? Il y a donc fort à parier que ce "coconfinement" en BD pourrait vous être bien utile si votre progéniture s'interroge.
Pourquoi "coconfinement" au juste ? Car, nous raconte la bande dessinée, la chenille a besoin de se construire "un cocon douillet" afin de devenir un beau papillon. "Coconfinée", elle se protège ainsi du monde extérieur et profite d'un espace propice à son développement. Et puis, "elle a tout son temps pour s'occuper d'elle", nous dit-on encore. Pas grand-chose à voir avec la pratique du "cocooning" donc, même si, précise Paul de Livron au jeune public, les enfants sont mieux lotis que la chenille dans leur maison ou appartement car "[ils] ne sont pas tout seuls !".
Une analogie rigolote à mettre sous tous les yeux. D'autant plus qu'à l'extérieur du cocon, précise le narrateur, réside le redoutable antagoniste des "coconfinés" : Coco le virus. "Les spécialistes ont pensé que la meilleure façon d'empêcher Coco le virus de rencontrer tout le monde, c'était de demander à tout le monde de ne plus aller à la rencontre de Coco", développe l'histoire, insistant sur l'importance de ne pas sortir de son cocon afin que Coco se retrouve bien seul ("et c'est tant pis pour lui !"). Idéal pour voir éclore, à la fin de cette période, de jolis papillons.
La fausse candeur de ce récit serait-elle susceptible de sensibiliser les bambins ? A n'en pas douter : même le service de psychiatrie infanto-juvénile des Hôpitaux Universitaires de Marseille en recommande la lecture et la diffusion dans un communiqué de presse. Poursuivant cette visée éducative, les autres bandes dessinées de Marguerite de Livron sont toutes accessibles sur le site Coco Virus. On y retrouve le fameux Coco et les cocons, mais aussi des réponses à tout un tas d'interrogations : combien de temps cette situation va-t-elle durer, comment va s'organiser "l'écocole" (l'école en confinement), comment soulager l'anxiété de ses enfants...
Du côté de Tipee, la dessinatrice en dit plus sur les intentions qu'elle partage avec son frère : "Nous ne sommes pas médecins, infirmiers ou autres héros de cette terrible crise, mais nous aussi voulons participer à la résistance contre ce virus. Et si il y a une chose dont nous sommes convaincus, c'est que ce virus et la crise qu'il provoque peuvent créer des traumatismes chez les plus jeunes. C'est pourquoi nous essaierons, le temps que le crise durera, d'apporter grâce à ces courtes BD, des supports pour permettre aux adultes d'expliquer simplement les choses aux enfants".
Un projet d'utilité publique s'il en est, à l'instar du bien pratique Guide des parents confinés.