Après le Mondial de football qui s'est clôturé l'été dernier sur une victoire de l'Allemagne, le Canada s'apprête à accueillir, du 6 juin au 5 juillet prochain, la Coupe du monde féminine de football. Mais à 8 mois du coup d'envoi de ce rendez-vous sportif, la Fédération internationale de football (Fifa) se retrouve au centre d'une polémique qui pourrait bien prendre de l'ampleur. En cause, son choix d'organiser les rencontres sur des terrains au gazon artificiel. « Le football sur gazon synthétique représente l'avenir. De plus en plus. Ses seuls adversaires sont ceux qui n'ont jamais joué sur une telle surface », assurait déjà, en 2008, le président de l'instance dirigeante du football international, Sepp Blatter.
Or, les footballeuses sont loin de partager cet avis. Au contraire, elles assurent que les pelouses artificielles sont dangereuses et occasionnent de nombreuses blessures et brûlures. Sacrée meilleure joueuse par l'UEFA et la Fifa en 2013, la gardienne de but allemande Nadine Angerer n'a d'ailleurs pas caché son mécontentement à l'agence SID, une filiale de l'AFP. Elle a ainsi qualifié de « plaisanterie » la pelouse du stade de Vancouver, l'un des sites retenus pour la compétition à laquelle participera d'ailleurs l'équipe de France. Et de poursuivre : « le risque de blessure est énorme. J'espère que la Fifa va réaliser combien c'est embarrassant ». L'Américaine Abby Wambach a, quant à elle, préféré recourir aux réseaux sociaux pour dénoncer le projet de la Fifa. Dans un post publié sur Twitter, elle a en effet estimé que « les hommes feraient assurément grève s'ils devaient jouer sur une pelouse synthétique », avant de proposer de lancer une pétition. Résultat, depuis sa mise en ligne il y a un an environ, le texte intitulé « La Coupe du monde doit se jouer sur une pelouse naturelle » a recueilli plus de 11 200 signatures.
Problème, le choix d'une pelouse synthétique est encore d'actualité aujourd'hui. Aussi, pour se faire entendre davantage et rallier l'opinion publique à leur cause, les footballeuses ont entrepris depuis quelques jours de publier sur Twitter, Facebook et Instagram, des photos de leurs jambes après avoir chuté sur du gazon artificiel.
I think something happened in my sock during last nights game , #turfburn pic.Twitter.com/HEms02ymW7
— Sam Kerr (@samkerr1) 12 Mai 2013
Une initiative qui commence à porter ses fruits. Pour preuve, outre la multiplication des messages de soutien d'anonymes sur Twitter, cet été, certaines personnalités ont publiquement apporté leur appui aux footballeuses. C'est le cas de l'acteur Tom Hanks et du basketteur Kobe Bryant, ce dernier n'ayant pas hésité à partager la photo des genoux blessés de l'internationale américaine Sydney Leroux à ses milliers d'abonnés.
This is @DrinkBODYARMOR athlete @sydneyleroux after playing on turf! #ProtectTheAthlete #USWNT http://t.co/e5NhMgwkCq pic.Twitter.com/5jFpl12L8j
— Kobe Bryant (@kobebryant) 13 Août 2014
Opinion: Women’s World Cup is the best Soccer of the year. Hey FIFA, they deserve real grass. Put in sod. Hanx
— Tom Hanks (@tomhanks) 22 Août 2014
Reste désormais à espérer que la Fédération internationale de football fasse marche arrière d'autant que les joueuses sont prêtes à aller devant les tribunaux pour obtenir gain de cause. Certains de leurs avocats ont en effet déjà pris les devants en adressant un courrier commun à la Fifa et à la Fédération canadienne de football, dénonçant, au-delà des dangers d'une pelouse artificielle, la différence de traitement entre les footballeurs et les footballeuses. Décidément, comme le rappelait en 2013 l'équipe de France de basket dans leur tribune, la parité dans le sport n'est pas un combat gagné.