Aux Etats-Unis, dès la fin du XIXe siècle, on comptait cinq femmes médecins. La cinquième, Alice Stockham (qui fut gynécologue), publia en 1897 « Karezza : the Ethics of Marriage », un livre qui continue d’exercer son influence aujourd’hui. Inspirée par une méthode inventée en 1844 par un certain John Humphrey Noyes, elle avait, dès cette époque, conscience de ce que la relation sexuelle ne pouvait reposer sur la seule idée de la reproduction.
Pour elle, l’énergie créative n’est rien d’autre que l’énergie sexuelle, et le corps, l’âme et l’esprit participent à l’acte à parts égales, l’affection s’exprimant aussi en actions.
Elle voyait dans l’union quelque chose de sacré, qui réconfortait : « Dans l’union physique du mâle et de la femelle il y a certainement aussi une communion des âmes qui n’est pas seulement la source d’un bonheur suprême, mais aussi qui conduit le développement de l’être. »
La gynécologue milite pour une pratique amoureuse qui permet au couple de faire l’amour sans procréer (il faut se rappeler qu’à l’époque, la mortalité infantile était très élevée et dangereuse pour les femmes).
Cette technique, qu’elle nomme Karezza (probablement issu de l’italien « carezza » qui signifie caresse), exige des deux partenaires de faire l’amour en retenant tout orgasme, quelle que soit la durée du rapport, ce qui la différencie du coït interrompu, où seul l’homme doit se contrôler. Ici les deux partenaires doivent participer au même effort, la pénétrée aide la pénétrant et inversement pour obtenir un plaisir sexuel paritaire qui non seulement se transforme en une sorte d’extase mystique (proche des méthodes tantriques, l’orgasme en moins), mais permet aussi d’intensifier le désir et la relation à l’autre, de prolonger sans fin la lune de miel.
Dans cet effort commun, elle voyait une méthode pour que les familles contrôlent les naissances, mais aussi un rapport sexuel égalitaire pour le couple et le moyen de préserver l’harmonie dans le mariage.
Visionnaire, elle se battait aussi pour que les femmes se masturbent et avait déjà pressenti que la science trouverait un moyen pour mettre fin au problème des grossesses non désirées, « car son importance dépasse toutes les autres ».
On a depuis mis de côté les sensations plus spirituelles de l’union à l’autre, pour rester focalisées sur la définition physique de l’orgasme.
Mais on parle toujours d’atteindre le septième ciel, celui des étoiles.
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