Une « charte pour une autre politique des addictions » a été présentée jeudi au Sénat soutenue par la sénatrice CRC (communiste) Laurence Cohen. Elle plaide pour que la répression des drogues soit remplacée par une dépénalisation des usages et une prévention qui engloberait aussi l'alcool, le tabac et Internet. La charte constate en effet que la loi de lutte contre les drogues de 1970 a conduit à une politique « totalement obsolète ». Pour ses signataires, « la stratégie dite de "guerre à la drogue" a échoué ». Ils veulent donc que l'accent soit mis « sur la prévention des addictions », la « réduction des risques » pour la santé des consommateurs et demandent une « dépénalisation des usages sans supprimer « l'interdit sur les drogues ».
Selon les rédacteurs de la charte, la stratégie visant à « criminaliser » la consommation de drogues « n'a réussi à enrayer ni leur disponibilité, ni leur consommation ». En effet, selon Alain Morel, directeur général de l'association Oppelia, 150 000 jeunes sont incriminés chaque année, dont 80 à 90% pour consommation de cannabis. « Cela entraîne des conséquences juridiques parfois très lourdes » avec interpellations, gardes à vue et parfois procès, « qui se répercutent sur le plan psychologique, familial et scolaire », fait valoir ce médecin pour qui il s’agit davantage « d'un problème de santé ».
La charte demande par ailleurs à ce que les autorités s'attaquent, sans faire de distinction avec les « drogues illicites », au tabac et à l'alcool, qui font 100 000 morts par an et « causent le plus de dommages à la société », mais aussi aux jeux de hasard, d'argent et aux jeux vidéo sur internet.
(Source : AFP)
Crédit photo : AFP
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