6 dollars et des poussières, c'est la somme qu'il faut débourser pour une excision dans les boutiques clandestines qu'a découvert un reporter dans certains souks au Caire. Au moins trois échoppes dans lesquelles des jeunes Egyptiennes sont opérées illégalement ont ainsi été repérées par ce dernier en plein dans la capitale du pays. Les clientes de ces boutiques sont des jeunes femmes venant de régions rurales égyptiennes qui ont été emmenées en ville de force par leurs parents.
Khaled Hussein, journaliste pour Youm7, a filmé en caméra cachée cinq jeunes filles âgées de 8 à 12 ans, qui attendaient leur tour devant les boutiques clandestines en compagnie de leurs parents. Il s'est fait passer pour l'oncle d'une jeune fille afin de s'enquérir au sujet d'un bon "miyazen", soit le nom qu'on donne aux personnes qui pratiquent ces opérations, pour sa nièce. Dans la vidéo, on entend celui-ci expliquer qu'il utilise des anesthésiques locaux, des ciseaux et des lames pour mutiler les parties génitales des jeunes filles dans une chambre sombre.
"Emmenez-la et cela sera l'affaire de deux minutes. Je travaille tous les jours", peut-on entendre le "miyazen" déclarer au journaliste dans l'enregistrement vidéo. Et l'homme d'assurer au reporter que les jeunes filles qu'il mutile se remettent rapidement de la procédure et peuvent de nouveau jouer avec les autres enfants dès le lendemain de l'opération.
Au mois de mai dernier, le Ministre de la santé a déclaré lors d'une conférence que 92% des Egyptiennes mariées ont subi une excision. Ce taux atteint 95% dans les campagnes, alors qu'il n'est que de 8% dans les zones urbaines.
En janvier 2014, un médeci qui avait excisé une jeune file a été condamné à deux ans de prison après que sa patiente eut succombé des suites de la procédure. Le père de l'adolescente a également été condamné.