Pascale Oustalet a 44 ans quand on lui diagnostique une polyarthrite rhumatoïde en 2004. Cela fait déjà deux ans qu'elle a dû quitter son emploi, incapable de travailler dans des conditions non adaptées à son handicap. Démarre alors un parcours du combattant : « je me suis heurtée à l’incompréhension des employeurs qui ne me considéraient pas comme handicapée, alors qu’on m’a reconnu le statut de travailleur handicapé », se souvient-elle. En 2005 elle décide alors de créer son propre emploi en se lançant dans la création de livres pour enfants, et monte sa société, Elora Fantasy.
Comme 5,6% des actifs en France, Pascale doit concilier au quotidien handicap et vie professionnelle. Or, malgré le renforcement de l’obligation d’emploi et son extension à la fonction publique, la situation des travailleurs handicapés reste fragile : leur taux de chômage s’élève en 2007 à près de 19% contre 8 % en moyenne pour l’ensemble de la population. C’est pourquoi l’ADAPT (Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) organise la quinzième édition de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées. « Il y a quinze ans, parler d’emploi et de handicap paraissait incompatible, se souvient Eric Blanchet, directeur général de l’ADAPT. Les représentations du handicap sont figées : les gens ne pensent souvent qu’aux trisomiques ou aux personnes en fauteuil roulant ». Or, comme le rappelle M. Blanchet, 85% des situations de handicap arrivent pourtant en cours de la vie : « on ne naît pas handicapé, on le devient ». Dès lors, l’objectif de l’ADAPT est de changer le regard porté sur les handicapés.
« Les choses changent peu à peu, heureusement », indique Eric Blanchet, qui souligne l’importance de la volonté politique dans cette évolution. Parmi les mesures phares, la loi du 11 février 2005 pour la citoyenneté des personnes handicapées qui a permis aux personnes en situation de handicap d’être reconnues dans leurs droits de citoyens. Mais si les règlementations sont importantes, « sans engagement de la part des chefs d’entreprise, des managers ou encore des associations, la situation n’avance pas », souligne le DG d’ADAPT. D’où le thème choisi pour cette semaine : l’engagement. La vocation de ces rencontres et débats étant de sensibiliser les entreprises en amont « dès le stade de la formation, de la scolarisation au recrutement » mais également de les préparer pour l’après embauche. Les représentants du Medef et de la CGPME seront présents pour cette édition 2011. « Les évolutions sont plus visibles au sein des grandes entreprises, mais les choses changent également dans les PME », observe M. Blanchet.
Au cours de cette semaine qui réunit acteurs politiques, économiques et du handicap, seront abordés différents thèmes d’actualité : la question de l’accompagnement des personnes handicapées et des entreprises pour une embauche réussie ou encore l’évolution de carrière. « Nous avons également créé un club des jeunes cadres handicapés, indique Eric Blanchet. Autre activité : l’organisation de « Jobdatings » de 12 minutes entre recruteurs et travailleurs en situation de handicap. « Ces rencontres sont l’occasion de se concentrer sur les qualités des postulants et de rappeler que le handicap n’est pas un vaccin contre la compétence ».
« L’emploi est une finalité, assure Eric Blanchet. Décrocher un poste signifie que la personne a eu accès à des études, à une formation, qu’elle peut se déplacer grâce aux transports... Des lois régissent tous ces aspects et pourtant aujourd’hui nous nous battons pour qu’elles soient appliquées ». Comme Pascale Oustalet, certains travailleurs en situation de handicap optent pour l’entrepreneuriat afin de créer leur propre emploi et pallier un marché du travail qui ne leur tend pas les bras. « Paradoxalement mon handicap m’a permis de me lancer, de rebondir et de continuer à travailler, raconte Pascale Oustalet. Cependant il est également un frein aujourd’hui au développement de ma société, les banques refusant de me prêter de l’argent à cause de ma situation », tempère-t-elle. Ce que confirme Eric Blanchet : « les banques et les assureurs font moins confiance aux travailleurs et entrepreneurs handicapés ». D’où la création de la convention AERAS portée par l’ADAPT destinée à faciliter l’octroi de prêts. « Il s’agit d’une avancée importante vis-à-vis du droit citoyen ».
Le site de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées
Crédit photo : Valueline
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