À peine âgée de six semaines, la petite Alia Joy a déjà fait des débuts remarqués dans la vie politique australienne en étant le premier bébé à être allaité lors d'une séance au Parlement fédéral. Sa mère, la sénatrice Larissa Waters du parti des Verts, est la première élue à user du droit d'allaiter dans les chambres fédérales. Un droit existant depuis 2003.
Âgée de 40 ans, la sénatrice écologiste a donné naissance à son deuxième enfant en mars dernier. Ce mardi 9 mai, elle faisait son grand retour au Sénat après une absence de dix semaines pour voter une motion proposée par son parti. L'an dernier, elle s'était battue pour étendre les règles de l'allaitement au Sénat pour y inclure les soins au nourrisson. Depuis la modification de cette loi en février 2016, sénatrices et sénateurs ont la possibilité de se rendre aux séances parlementaires accompagnées de leurs enfants.
Une loi nécessaire, quand on sait qu'en 2009, une autre sénatrice écologiste, Sarah Hanson-Young, avait été expulsée manu militari du Sénat car sa fille de deux ans se trouvait à ses côtés. Cette dernière avait alors expliqué avoir été dans l'obligation d'emmener sa fille avec elle, n'ayant pu trouver de moyen de garde à temps.
Suite à son retour remarqué au Parlement, Larissa Waters a exprimé son enthousiasme sur les réseaux sociaux. "Je suis si fière que ma fille Alia soit le premier bébé à être allaité au Parlement fédéral. Nous avons besoin de plus de parents au Parlement. Nous avons aussi besoin d'endroits plus accueillants pour les familles, d'endroits plus flexibles et de modes de garde abordables pour tous", a-t-elle écrit sur sa page Facebook.
Très commentée, l'initiative de Larissa Waters a été saluée en Australie par une partie de la classe politique. Kelly O'Dwyer, également membre du Parlement et ministre des Finances, a notamment apporté son soutien à Larissa Waters. L'an dernier, elle avait été le premier membre du cabinet à avoir eu un enfant pendant son mandat. Selon elle, il est nécessaire de montrer qu'une femme peut à la fois travailler et être mère pour faire évoluer les mentalités. "Une femme sur cinq connaît une discrimination sévère en raison de sa parentalité. C'est une statistique très désagréable, et il est vraiment décourageant pour les gens de voir que même les ministres du Cabinet peuvent aussi être discriminés", avait-elle déclaré à l'époque.
Si Larissa Waters est la première Australienne à allaiter son enfant au Parlement fédéral, des élues d'autres pays ont déjà pris l'initiative de dénoncer les discriminations dont sont victimes des mères qui travaillent. En juillet 2015, la députée argentine Victoria Donda Perez avait donné le sein à son bébé de 8 mois lors d'une séance au Parlement. En octobre 2016, c'était au tour d'une députée islandaise de lui emboîter le pas en intervenant à la tribune tout en nourrissant son bébé. Même combat en Espagne où, en janvier 2016, la députée de Podemos Carolina Bescansa était venue accompagnée de Diego, six mois, pour l'élection du Président du Congrès.
Si en France, aucune élue n'a pour le moment allaité son enfant pendant une séance à l'Assemblée ou au Sénat, rien ne leur interdirait de leur faire. Interrogé par BFMTV.com, le service de presse du palais Bourbon précise que "ni le règlement, ni l'instruction générale du bureau de l'Assemblée nationale n'évoque la présence d'enfant ou la question de l'allaitement".