"L'obsession de l'inclusion est une mauvaise manière faite aux autres enfants et à ces enfants-là qui sont, les pauvres, complètement dépassés par les autres enfants". Dans le cadre d'une rencontre avec des enseignants à Honnecourt-sur-Escaut (région Hauts-de-France), Eric Zemmour a suscité l'indignation en posant ses mots sur ces "enfants-là", autrement dit : les enfants en situation de handicap.
Non content de fustiger sans surprise un certain lexique progressiste (évoquant la notion d'inclusion), le candidat d'extrême droite a déclaré que les enfants handicapés devraient être placés "dans des établissements spécialisés, avec des enseignants spécialisés, sauf pour les gens légèrement handicapés évidemment", relate Le Monde.
"Il y a des cas où le fait de les mettre dans un établissement ordinaire est une bonne chose car ça leur permet de progresser, de se socialiser, mais il y a d'autres cas, réels, plus nombreux qu'on ne le dit où c'est une souffrance pour ces enfants... je ne veux pas que l'obsession de l'inclusion nous prive et nous conduise à négliger la nécessité d'établissements spécialisés", a encore déclaré le candidat d'extrême droite.
Des propos qui ont créé un tollé. Ainsi, la secrétaire d'Etat chargée du handicap Sophie Cluzel a-t-elle dénoncé "une déclaration pitoyable", qui délivrerait une "vision misérabiliste et excluante du handicap". Un flagrant délit de validisme ?
Le validisme, c'est l'ensemble des préjugés et discriminations dont sont victimes les personnes en situation de handicap. Des préjugés banalisés par les personnes valides. Pour le président national de l'Association pour adultes et jeunes handicapés Jean-Louis Garcia et la présidente de SOS-Autisme France, Olivia Cattan, poursuit Le Monde, ces propos vont à l'encontre de la loi de 2005 sur l'égalité des chances pour les enfants handicapés. Une loi qui induit le principe du droit à la scolarité "de tout enfant ou adolescent handicapé dans l'établissement scolaire le plus proche de son domicile", proposant également un aménagement du temps scolaire.
"Eric Zemmour n'a pas compris que les enfants en situation de handicap sont une chance pour les autres enfants, favorisant leur propre autonomie dès le plus jeune âge", a également réagi sur ses réseaux sociaux Adrien Taquet, secrétaire d'Etat chargé de l'enfance et des familles.
Conseiller à l'Assemblée nationale en situation de handicap et ancien journaliste, Yannis Bacha à lui aussi réagi : "Les musulmans, les personnes LGBT, les femmes, aujourd'hui le handicap... Eric Zemmour a un problème avec la différence et avec l'égalité. Être handicapé ne m'a pas empêché : - d'aller en école inclusive - faire de grandes écoles - d'avoir été journaliste - m'engager en politique", a-t-il déclaré.
De son côté, l'APHPP (Association pour la Prise en compte du Handicap dans les Politiques Publiques et Privées) a déclaré par le biais d'un communiqué : "Nous considérons l'école inclusive comme une priorité car donner les mêmes chances d'apprentissage à tous les enfants de notre République est l'ADN de notre société, vivre l'inclusion dès l'enfance est une chance pour les élèves en situation de handicap pour leur émancipation et autonomie, évite de fabriquer des freins et stéréotypes dans la tête des futurs adultes, décideurs, responsables".