Un port de veste ou de cardigan imposé aux femmes. C'est cette nouvelle mesure, finalement adoptée avec quelques modifications, qu'ont soutenu certains législateurs du parti républicain au sein de la Chambre des Représentants du Missouri. Les Républicains voient dans cet amendement "un reflet légitime du code vestimentaire des hommes", comme l'énonce le site Politico.
"Il est essentiel de maintenir une atmosphère formelle et professionnelle sur le sol de la Chambre et pour garantir que cela se produise, je me suis sentie obligée de proposer cet amendement", a ainsi déclaré le 11 janvier la Républicaine Ann Kelley, à l'initiative de cette nouvelle mesure obligeant les femmes à se couvrir les bras.
Mais les Démocrates, sans surprise, ont largement protesté face à cette mesure pour le moins rétrograde, considérant cela comme "une distraction inutile" qui détournerait des vrais problèmes "auxquels l'État est confronté". Inutile certainement de préciser que la tenue des hommes, elle, n'est pas visée par ce remaniement du "dress code"...
"Savez-vous ce que cela fait d'avoir un groupe d'hommes qui regarde votre haut en essayant de déterminer s'il est approprié ou non ?", a notamment fustigé la représentante démocrate Ashley Aune, considérant ce principe de surveillance comme quelque chose de "ridicule" et déplacé. "J'ai dépensé 1 200 dollars pour un costume, et je ne peux pas le porter parce que quelqu'un me dit que c'est inapproprié ?", a-t-elle ironisé.
"Nous nous battons - encore une fois - pour le droit des femmes à choisir. Cette fois, c'est la façon dont elles s'habillent, soumise à l'interprétation de quelqu'un qui n'a aucune expérience dans la mode", a épinglé sa collègue démocrate Raychel Proudie, dénonçant ces interdictions émises sous couvert de "professionnalisme", relève le Washington Post. Par ce "encore une fois", l'élue indignée se réfère aux diverses luttes menées pour le droit des femmes à disposer librement de leur corps, comme le droit à l'IVG, révoqué par la Cour suprême l'an dernier.
"Je pense que cela renforce l'idée que nous apprécions davantage les femmes pour leur apparence que pour d'autres choses plus importantes comme leur intelligence et leurs contributions au débat", décrypte encore du côté du média Politico Virginia Ramseyer Winter, professeure agrégée à la School of Health Professions de l'Université du Missouri. Pour l'experte surtout, "les législateurs n'auraient même pas dû en débattre" dans la mesure où "cela envoie également le message que nous devons contrôler le corps des femmes".
Un règlement vestimentaire qui a suscité la discorde donc, et renvoie surtout aux idées les plus réacs sur les tenues des femmes, leur apparence, et le regard que les hommes portent sur elles.