LA voix de l'Eurovision 2024, c'est Nemo : jeune artiste suisse non binaire, iel est ressorti⋅e couronné⋅e de cette cérémonie avec sa chanson "The Code", grand mix entre opéra et rap. Sur scène, Nemo est apparu.e en jupette rose et collants, comme pour mieux bousculer la binarité des genres, entre masculin et féminin...
Mais cela n'a pas plu à tout le monde, malgré la victoire de l'artiste de 24 ans. Car Ségolène Royal n'a pas vraiment goûté au spectacle. La chroniqueuse de l'émission "Touche pas à mon poste" s'est effectivement lâchée sur son compte Twitter. "Ce n'était pas un concours de talent musical, mais un concours de laideur, de vulgarité, de grossièreté, d'exhibitionnisme", a-t-elle tout d'abord écrit. Ambiance. Mais pourquoi tant de haine ?
L'espace d'un long tweet, Ségolène Royal a poursuivi : "Il faut espérer que pas un euro d'argent public ou européen ne soit allé à cette farce lugubre, et que les questions sur l'entreprise de costumes et de mise en scène qui a sévit et sur ceux qui l'ont choisie, puissent être posées. Les chanteurs et chanteuses eux-mêmes ont ils eu la liberté de refuser les pitoyables vêtement maltraitants que les organisateurs leur ont fait porter ?"
Plus encore, la femme politique voit là une "exhibition minable". Une publication qui a laissé bien des internautes dubitatifs. Plus encore, c'est sa surenchère dans la virulence qui peut susciter la perplexité. D'autant plus quand cette édition, très tendue politiquement, s'achève sur le sacre d'une voix inédite, celle d'un⋅e interprète non-binaire, pour la première fois dans l'Histoire du concours musical...
Personne non binaire, adoptant le pronom de genre "iel", Nemo vient mettre en lumière une identité fluide surtout reconnue outre-atlantique - grâce à des porte-parole comme Bella Ramsey, révélation de la série "The Last of Us". Elliot Page ("Juno", "Inception") ou encore Emma Corrin (la série "The Crown"). Pas forcément de quoi émouvoir Ségolène Royal qui ne voit là que "grossièreté, laideur, vulgarité, exhibition minable".
En vérité, ces qualificatifs ne surprennent pas. A chaque Eurovision, son lot de virulentes critiques : adeptes autoproclamés du bon goût fustigent "ringardise," "kitsch", extravagances décomplexées. Ce serait passer sous silence l'importance du concours au sein du paysage international. Notamment, pour la communauté LGBTQ. L'on pense aux performances remarquées de Conchita Wurst, Bilal Hassani, Bambie Thug...
"L'Eurovision peut contribuer à faire changer les mentalités", détaille à BFM TV le journaliste Fabien Randanne. "Par exemple avant sa participation il y a dix ans au Concours il y avait beaucoup d'hostilité à l'égard de Conchita Wurst en Autriche, venant de l'extrême droite, mais pas que, affirmant : non, une drag queen barbue ne peut pas représenter le pays !... Puis elle a gagné et l'année suivante, elle était la star du pays, une icône nationale".