Historique ! Oui, quoi qu'en disent les allergiques au fameux Concours ou les réacs, cette 68e édition de l'Eurovision organisée ce samedi 11 mai en Suède risque encore de faire parler dans les années à venir. Pour le négatif : controverses, contexte politique extrêmement tendu, défaite de la France malgré la performance a capella de Slimane, qui a fait pleurer dans les chaumières. Mais aussi, heureusement, pour tout le reste.
A savoir ? La victoire de Nemo, jeune artiste suisse non binaire, qui est ressorti⋅e couronné⋅e de cette cérémonie, récoltant 591 points, surpassant ainsi la Croatie et l'Ukraine. Avec sa chanson "The Code", et malgré d'intenses rivalités, l'interprète de 24 ans a su convaincre outre mesure, et galvaniser par la mise en scène spectaculaire de sa partition. Par-delà sa musique, entre opéra et rap, c'est aussi son look qui a détonné : car Nemo est apparu.e en jupette rose et collants, comme pour mieux bousculer les stéréotypes de genre.
La non-binarité, c'est quoi déjà ? Rien de bien compliqué : c'est le fait de refuser d'être catégorisé·e comme "homme" ou "femme" en revendiquant une identité non-fixe. C'est s'émanciper de la binarité des genres que la société nous impose. Généralement, les personnes non binaires emploient pour se désigner un pronom personnel : "iel", contraction de "il" et "elle". Car rappelons-le, le genre est avant tout une construction sociale.
Et l'Eurovision le démontre avec alégresse.
Pourquoi la victoire de Nemo est-elle si importante ? Car elle rappelle la réalité de la non-binarité, mise en lumière lors d'un des événements musicaux les plus retentissants à l'international. Alors que les personnes non binaires font encore l'objet de blagues vaseuses, de moqueries et de violences, Nemo est venu⋅e sur scène planter un drapeau, et pas des moindres...
Ce drapeau aux couleurs violettes, noires et jaunes, c'est celui de la communauté non binaire. Une bannière qui vient également visibiliser la cause de la communauté LGBTQ. C'est aussi une question de représentation : donner à voir pour sensibiliser à ces sujets, et inspirer les jeunes générations. Sur scène, dans la fiction, ces choses-là importent.
Citons Aline Laurent-Mayard, à qui l'on doit des essais captivants sur le genre : "s'il n'y a pas davantage de représentations, comment est-ce que l'on veut que les gens s'habituent ? Plus de modèles, cela signifie plus d'apprentissage, plus de discussions. Il faut donc normaliser ces concepts".
Avec son sacre à l'Eurovision, Nemo rejoint la liste des stars non-binaires. Parmi elles ? Bella Ramsey, révélation folle de la série "The Last of Us". Elliot Page, tête d'affiche des films "Juno", "Super", "Inception". Emma Corrin, que les fans de la série "The Crown", et ils sont nombreux, connaissent bien. Et la liste ne cesse de s'allonger. Car la parole se libère de plus en plus.
Bien au delà de la scène de l'Eurovision...
Et Nemo de témoigner : "J'aime penser au genre comme à une galaxie, m'imaginant comme une petite étoile, flottant quelque part à l'intérieur. C'est là que je me sens le plus moi-même".