Le 13 mai prochain, c'est la chanteuse québécoise La Zarra, Fatima-Zahra Hafdi de son vrai nom, qui aura l'honneur de représenter la France au grand concours de l'Eurovision. L'Eurovision est parfois gage de belles révélations musicales. On se rappelle notamment de la performance de la féministe Barbara Pravi à l'édition 2021. A n'en pas douter, La Zarra, remarquée avec la sortie de son premier album Traîtrise, et le succès de sa chanson Tu t'en iras (qui cumule 18 millions de vues sur YouTube), risque également de vous enchanter.
Mais qui est-elle ?
"Je me sens un peu Française. J'ai été vite adoptée, le Québec et la France sont très proches. Je ne sais si c'est à cause de notre accent mais vous nous aimez bien, et c'est une fierté de représenter la France. C'est un grand pays", a déclaré la chanteuse auprès du Télégramme.
La jeune femme, issue d'une famille de sept enfants nés au Québec de parents maghrébins, s'est lancée dans la musique en 2016 suite à une rencontre cruciale avec le producteur de hip-hop montréalais Benny Adam. Elle affirme "avoir la variété française dans son ADN".
Cela fait "plus de deux ans" que la délégation française de l'Eurovision essayait de convaincre la chanteuse afin de la faire participer au prestigieux concours, nous apprend BFM TV. Directrice des divertissements et jeux de France Télévisions et responsable de la délégation française à l'Eurovision, Alexandra Redde-Amiel est une admiratrice de l'artiste : "C'est une rencontre coup de coeur, elle a été l'évidence", se réjouit-elle à son sujet.
La musique de La Zarra est un grand mix singulier entre la variété et le hip hop. Et pour cause, puisque l'artiste trentenaire a notamment grandi avec les sons furieux de Tupac, Notorius B.I.G. et IAM, comme elle le révèle au Journal de Quebec. Une sérieuse culture rap donc, aussi bien hexagonale qu'américaine. Dans l'une de ses chansons les plus visionnées sur YouTube, elle reprend même le plus contemporain duo PNL.
Pourquoi "La Zarra" ? Ce nom d'artiste déclinant celui de "Fatima-Zahra" est également un clin d'oeil à "La Môme", madame Edith Piaf en personne. L'interprète légendaire de Milord est effectivement l'une des grandes influences de la Québécoise, qui assume totalement la dimension "variété française" de ses compositions.
"Au départ, je n'étais pas particulièrement fan de Piaf. Son roulement de 'r' m'embêtait. Aujourd'hui, je trouve ça fantastique. Ses chansons te permettent de visiter des sentiments que tu n'éprouveras pas dans la vie de tous les jours, de recréer des moments de mélancolie que tu n'as jamais connus", confie-t-elle au Journal de Quebec.
Autres réfs absolues ? Charles Aznavour, Barbara, Jacques Brel, ou encore la divine Dalida... On a connu pire sources d'inspiration que celles de la jeune mélomane.
Dans ses clips, La Zarra assure une certaine visibilité queer. Elle fait notamment apparaître la drag-queen Cookie Kunty, au coeur du long-métrage remarqué Trois nuits par semaine. "Nous sommes amies, on a envie de collaborer dans le futur, vous n'avez pas fini d'entendre parler de nous deux ensemble. Elle est une grande artiste", se réjouit la chanteuse.
La Zarra est une battante. Et pour cause, c'est une adepte des sports de combat. La chanteuse confie effectivement : "J'ai fait énormément de sports de combat, de la boxe : on répète les mouvements pour que le corps apprenne ; pour l'Eurovision, on va répéter, répéter, jusqu'à ce que ce soit facile de chanter devant des centaines de millions de téléspectateurs".
Une performance qu'on imagine digne de Rocky. Le thème de la chanson, encore inconnue, qu'elle interprétera sur la scène de l'Eurovision, fait d'ailleurs penser à l'histoire du fameux boxeur : "C'est une chanson qui parle de s'approprier son destin et de compter sur soi-même", confie l'artiste auprès de l'AFP.