Du 6 au 9 août se tenait au Lavoir Moderne le tout premier « Summer Camp » des féministes controversées de Femen. « Entraînements physiques, apprentissage des tactiques sextrémistes, élaboration de plans stratégiques, discussions idéologiques et échange d' [...] expériences » étaient au programme de cette édition. Les Femen, venues des quatre coins de monde, avaient également pour ambition de se préparer pour la nouvelle année, « d’identifier leurs ennemis, de les traquer et de se préparer à l’attaque ».
Hé oui, c’est tout de même une étape obligatoire : qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente, la Femen est seins nus, parfois pour le plus grand plaisir de leurs « ennemis ». D’ailleurs, il est nécessaire d’oublier que ces deux attributs sont des seins, les Femen les envisageant plutôt comme un « étendard pour [leurs] revendications ». Idéale pour attirer l’attention, cette forme d’exhibitionnisme semble entraîner chez les Femen le rejet total de certains vêtements, notamment le voile. Heureusement, la nudité ne s’impose que pendant les happenings. L’entraînement s’est déroulé habillé : ouf.
Inna Shevchenko mène à la baguette ses recrues, qui enchaînent pompes et abdos en micro-short dans une atmosphère à mi-chemin entre « un clip de house des années 2000 » et « un entraînement des jeunesses poutiniennes », selon les Inrocks. Mis à part l’échange d’idées, le Summer Camp Femen s’apparente à une cure de remise en forme express : après les pompes et les abdos, une lutte digne d’une partie de catch féminin (en fait, une simulation d’intervention policière musclée) et un footing de 30 minutes dans les rues du XVIIIe arrondissement de Paris sont au programme. Difficile donc pour une rondelette peu sportive de rejoindre les sextrémistes. Sectaire ?
La couronne de fleurs de hippie est trompeuse. Les Femen ne sont pas des rigolotes, elles sont très sérieuses. Si sérieuses qu’elles prennent garde à ne pas sourire. Les consignes ? « Ne jamais sourire, ne jamais rire. Avoir l’air en colère ». Et pour la posture générale, c’est pareil : poing levé, jambes écartées « solidement ancrées au sol pour être stables » et tête haute. Cette « posture d’agression » est la signature des Femen, confie une jeune militante à Elle.
La Femen se doit d’être photogénique (pour mieux vendre ses photos à la presse ?) et s’entraîne pour. Elle prend donc garde à ce qu’une pancarte qu’elle brandit ne lui cache pas le minois. La leader du mouvement, Inna Shevchenko, a de son côté son photographe attitré depuis plusieurs mois, Jacob Khrist. Slogans bien huilés et sens de la mise en scène rodé : Femen compte d’avantage sur une esthétique poignante que sur un discours fourni pour faire passer son message « jusqu’à l’abolition totale du patriarcat ».
L’entraînement est autant physique que médiatique : hors de question de faire un faux-pas devant un journaliste, tant et si bien que si une Femen doute d’une réponse à une question polémique, elle déclare ne pas savoir ou s’empresse d’aller chercher une collègue mieux informée. Et hors de question pour une novice de s’exprimer au nom des Femen : elle devra prendre du grade avant de pouvoir parler à la presse autrement qu’en leur nom.
Victoria Houssay
Incendie chez les Femen : qui veut la peau des sextrémistes ?
Les Femen religiophobes ? Caroline Fourest préfère les lâcher...
Femen : leur page Facebook bloquée pour pornographie
Femen joue la provocation à la manif d'extrême droite à Paris