Arrêtée le 19 mai dernier, la Femen tunisienne Amina Tyler encourt six mois de prison pour avoir peint sur le muret d’un cimetière proche d’une mosquée le mot « Femen » et pour possession d'un spray lacrymogène. Elle pourrait également être poursuivie pour profanation de cimetière, un délit passible de deux ans de détention ferme. Son procès a démarré jeudi 30 mai devant le tribunal de Kairouan. Le juge d’instruction en charge du dossier a par ailleurs indiqué à l’AFP que la jeune femme de 18 ans sera interrogée le 5 juin dans le cadre de nouvelles poursuites pour atteinte aux bonnes mœurs et profanation de cimetière. Les trois militantes de Femen, deux Françaises et une Allemande, arrêtées alors qu’elles étaient venues apporter leur soutien à Amina en manifestant seins nus à Tunis où elles réclamaient sa libération resteront quant à elles en détention jusqu’à leur traduction en justice, selon des précisions d’Adel Riahi, porte-parole du ministère de la Justice.
Amina Tyler (de son vrai nom Amina Sboui) avait fait scandale en mars dernier en publiant sur internet des photos d’elle sein nus à la manière des Femen, et s’était attiré les foudres des islamistes. Elle bénéficie depuis d’une vague internationale de soutien. Parmi ces derniers, Amina peut compter sur la cinéaste tunisienne Nadia El Fani, qui redoute que « les juges ne fassent d'Amina un exemple ». En France, la journaliste et essayiste Caroline Fourest a également pris parti pour la jeune activiste et a publié avec Nadia El Fani une tribune de soutien le 22 mai dans l’hebdomadaire Marianne. « C’est un véritable procès politique qui se profile. Comme s’il fallait faire un exemple qui puisse "équilibrer" l’arrestation de militants salafistes et terroristes. Comme si tagger le mot "Femen" pouvait valoir la menace d’attentats signés al-Qaïda ! Voire représenter un plus grand danger, puisque les salafistes terroristes ont pour la plupart été relâchés, tandis qu’Amina est toujours sous les verrous… »