En 2020, l'Organisation des Nations Unies (ONU) tirait la sonnette d'alarme et insistait sur les incidences de la crise sanitaire et économique mondiale sur la santé et la vie des femmes. Les violences résultant des confinements (notamment) étaient alors perçues comme une véritable "pandémie fantôme". "De nombreuses femmes et jeunes filles se retrouvent particulièrement exposées à la violence précisément là où elles devraient en être protégées. Dans leurs propres foyers", insistait le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Mais qu'en est-il à l'heure du déconfinement ? Malheureusement, la situation ne prête pas davantage à l'optimisme. Selon l'AFP, relayée par le journal 20 Minutes, nous assistons à une "flambée des féminicides" au sein de l'Europe déconfinée. Montée meurtrière en Espagne par exemple, où une femme serait tuée tous les trois jours par son conjoint ou son ex-conjoint depuis la levée en mai dernier de l'état d'urgence sanitaire. En Belgique, treize féminicides avaient déjà été recensés fin avril 2021 contre 24 sur l'ensemble de l'année 2020, rapporte l'agence de presse.
En France, les cas de féminicides semblent également en recrudescence depuis quelques mois. Selon le collectif Féminicides par compagnons ou ex, on dénombrerait d'ores et déjà 57 féminicides enregistrés depuis le début de l'année. Comme un rappel de cet enjeu national majeur qu'est la lutte contre les violences et les féminicides.
"Quand les femmes retrouvent leur liberté, les agresseurs sentent qu'ils perdent le contrôle et réagissent encore plus violemment, la flambée des féminicides ces derniers mois le montre. En faisant sauter le verrou des restrictions, on a déverrouillé une autre pandémie: la pandémie machiste qui se terrait en-dessous", a déclaré en guise de constat la députée espagnole Victoria Rosell, membre du parti politique Podemos, à l'AFP.
En France, on se mobilise également pour éveiller les consciences quant à cette "pandémie machiste". Le 25 juin dernier, une marche contre les féminicides a été organisée à Paris, réunissant des centaines de militantes féministes, suite à l'appel du collectif Collage Féminicides Paris. "Emmanuel Macron avait promis que la lutte contre les féminicides serait la grande cause du quinquennat, mais depuis les paroles du gouvernement n'ont pas été suivies d'actes", déplore dans les pages de Libération Nina, l'une des militantes mobilisées.
"On dit aux femmes de dénoncer les violences et de quitter leur conjoint, mais le problème n'est pas qu'elles ne parlent pas. Le problème est que quand elles le font, elles ne sont pas protégées, les dossiers ne sont pas traités et elles finissent par se faire tuer par leur ex", poursuit la jeune interlocutrice. "L'inaction du gouvernement est fatale : les institutions ignorent nos appels à l'aide alors que les féminicides sont une des causes les plus importantes du féminisme actuel", affirme encore au journal Jules, manifestant de 25 ans. Comme le suggèrent ces voix, le déconfinement ne peut s'envisager sans une mobilisation active à l'encontre de ce fléau.
Pour ce faire, certains pays comme la France proposent tout de même certaines initiatives. Ainsi, le service du 39 19, la ligne d'écoute nationale destinée aux femmes victimes de violences, est enfin disponible 24 h/24, du lundi au vendredi, comme nous l'apprend Elisabeth Moreno, la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes. Cette ligne d'écoute devrait même être disponible le week-end d'ici la fin de l'été.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.