Il aura fallu de nombreuses années avant que la disparition de Marie Trintignant soit qualifiée de féminicide. En 2003, la presse parle de "crime passionnel" et Bertrand Cantat, condamné à huit ans de prison en 2004, évoque la thèse de l'"accident " Aujourd'hui c'est officiel, Marie Trintignant, décédée d'un oedème cérébral suite aux coups portés par son conjoint Bertrand Cantat, a bel et bien été victime de ce que l'on appelle désormais "féminicide".
Un terme popularisé en France en 2019 par la procureure Charlotte Beluet, qui désigne les meurtres commis par des hommes parce que ce sont des femmes. Depuis 2003, les choses ont avancé et le combat contre ces horreurs bat son plein. Les consciences collectives se sont éveillées, les femmes de plus en plus solidaires entre elles et les victimes de violences conjugales prennent de plus en plus la parole malgré la peur et témoignent pour condamner leurs bourreaux.
De nombreuses célébrités, également, n'hésitent pas à agir et à s'engager contre dès qu'elles le peuvent à l'image de Julie Gayet, qui a tourné un clip en 2020 pour la Fondation des Femmes, ou Muriel Robin qui prend très souvent la parole sur le sujet, sans oublier récemment Lio. Une bonne façon de sensibiliser le grand public.
Pour lutter contre les féminicides, de nouveaux moyens, initiatives, associations et collectifs ne cessent d'éclore. Le dernier en date : une interorganisation nommée Inter Orga Féminicides (IOF), qui a été lancée en janvier 2023 pour faire suite hashtag #NousToutes dans le but "d''élever le niveau de conscience collective autour du phénomène des féminicides et ce dans toutes les sphères de la société" peut-on lire sur le site. Comment ? En tenant un décompte de tous les féminicides qui ont lieu.
Au gouvernement aussi, les choses se bousculent et avancent, même si "certaine failles" demeurent, comme le soulignait Élisabeth Borne sur le plateau de C à Vous sur France 5 le 6 mars 2023.
Depuis 2003 et le féminicide de Marie Trintignant, le juge aux affaires familiales a la possibilité de demander l'éviction du mari violence du domicile, et une ordonnance de protection a été mise en place en 2010 qu'il est possible de saisir sans même avoir besoin de déposer plainte.
Même si les délais de mise en place ont été raccourcis à 1 semaine, la Première ministre a fait savoir dans l'émission présentée par Anne-Elisabeth Lemoine qu'elle aimerait réduire cette latence pour "aller vers 24h (...) pour déclencher une protection immédiatement".
En 2019, le Grenelle des violences faites aux femmes a notamment permis l'extension des horaires de la plateforme téléphonique d'écoute 39-19 désormais disponible 24h/24 et 7J /7, le déploiement des téléphones "grave danger" et la mise en place des bracelets anti-rapprochement (BAR).
Aujourd'hui, malgré la prise de conscience collective et les nombreuses mesures adoptées pour lutter contre les violences conjugales faites aux femmes, le nombre de féminicides ne cesse hélas de grimper ! Selon l'IOF, au 17 juillet 2023, on dénombrait 70 féminicides depuis le début de l'année. En 2022, l'association féministe #NousToutes décomptait 147 féminicides, alors qu'en 2021 il s'élevait à 122 victimes. Jusqu'où va-t-on aller comme ça ? STOP.