À la cinquante-et-unième minute de la finale de la Coupe du Monde entre la France et la Croatie, quatre personnes ont envahi le stade Loujniki à Moscou.
En pleine rencontre, le match a alors dû s'arrêter quelques secondes, le temps que les stadiers expulsent les intrus, vêtus de chemise blanches et de pantalons noirs, type uniforme. Mais les trois femmes et l'homme qui ont fait irruption sur le terrain ne sont pas n'importe qui. Il s'agissait du groupe féministe Pussy Riot.
Durant cette action, une des Pussy Riot a réussi à faire un high five au joueur français Kylian Mbappé. Une photo devenue virale sur les réseaux sociaux et que les Pussy Riot ont d'ailleurs pu relayer sur leurs réseaux sociaux.
Dans un texte en anglais, diffusé immédiatement après sur Facebook et Twitter, le groupe explique les raisons de cette intervention et leurs revendications. Ils indiquent vouloir dénoncer les violences policières qui ont lieu en Russie.
Elles demandent ainsi à la police : "La libération de tous les prisonniers politiques, de ne pas emprisonner pour des "likes" [sur facebook], d'arrêter les arrestations illégales lors des manifestations, d'autoriser la compétition politique dans le pays, de ne pas fabriquer des accusations criminelles et de ne pas garder les gens en prison sans raison".
Les Pussy Riot évoquent également le sort du cinéaste ukrainien de 42 ans, Oleg Sentsov, en grève de la faim depuis 64 jours. Il a été condamné à 20 ans de camp par la justice russe pour terrorisme et trafic d'armes. Sa situation a été éclipsée à cause de la Coupe du Monde et le président russe Vladimir Poutine ne semble pas entendre les messages des défenseurs des droits humains qui appellent à sa libération.
Dans une vidéo sur Youtube, elles ajoutent : "Peut être le savez-vous, mais il n'y a pas de règle de la loi en Russie, et n'importe quel policier peut intervenir dans votre vie sans raison." Les trois Pussy Riot présentes se félicitent du comportement faussement exemplaire de la police pendant le mondial pour faire bonne figure devant la Fifa, mais se demandent ce qu'il va advenir une fois le mondial fini.
Dans la vidéo, deux d'entre elles portent la fameuse cagoule tricotée, marque de fabrique des Pussy Riot.
Selon le compte Twitter des Pussy Riot, les quatre militant·e·s sont toujours en détention ce lundi matin : "Situation actuelle : les 4 membres des Pussy Riot ont passé toute la nuit au poste de police (notez qu'il n'y a pas de conditions pour dormir, manger, prendre une douche, etc) et sont toujours là - ils vont être amenés au tribunal. Ils font face à des accusations pour des infractions administratives jusqu'à présent."
Le groupe punk féministe des Pussy Riot s'est fait connaître en 2012 pour avoir organisé un concert de rock dans une église orthodoxe de Moscou. Elles dénonçaient à l'époque dans leur prière punk les liens entre le pouvoir et l'Église orthodoxe russe.
Les Pussy Riot avaient alors été condamnées à deux ans d'emprisonnement dans des camps de travail pour vandalisme et haine religieuse.