Elles étaient 1200 femmes à s’être déplacées de la France entière mardi 1e octobre pour assister aux premières rencontres de Force femmes, une association qui accompagne et soutient les femmes de plus de 45 ans dans leurs démarches de retour à l'emploi et de création d'entreprise. 1200 femmes, prêtes à beaucoup de sacrifices pour retrouver un emploi mais pour qui l’âge est un facteur discriminant et le genre un facteur aggravant. En effet, pour ne plus être au chômage près de 95% d’entre elles seraient prêtes à reprendre une formation courte, 67% à voir leur salaire baisser de 30% et 91% à changer métier, selon une enquête nationale réalisée dans le cadre de ces rencontres. Seul point sur lequel elles ne peuvent être flexibles, la mobilité : 59% ne sont pas prêtes à changer de région. Et pour cause, a souligné Françoise Holder, la Présidente de l'association, dans un discours d’introduction à cette journée : « Elles ont souvent à charge une famille, parfois seules et ne peuvent se permettre de quitter leur lieu de vie. »
Pendant cette journée, six experts sont venus à leur rencontre pour débattre, identifier les mécanismes de discriminations et proposer des solutions, lors d’un débat ouvert par la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire des Discriminations, a ainsi rappelé « qu’une femme, qui plus est "senior", voyaient ses chances de succès dans la recherche d’emploi divisées par quatre à cinq ». Et ces dernières en sont parfaitement conscientes. Selon le sondage réalisé pour l’occasion, l’âge est un frein pour 76% d’entre elles et le genre pour près d’une femme sur deux (40%). Selon le sociologue, ces discriminations sont liées « aux réseaux (moins influents que ceux des hommes), à la peur des problèmes de santé, à la crainte de leur situation personnelle (et notamment à la peur des familles monoparentales), mais aussi à l’apparence physique ». Un dernier point, peu souvent abordé sur lequel le spécialiste a particulièrement insisté : « On sait en effet que la proportion de femmes obèses augmente avec l’âge : c’est l’un des tout premiers facteurs de discrimination. »
Dans l’après-midi trois ateliers étaient proposés : l’un sur l’aide à la création d’entreprise, le deuxième sur la recherche d’emploi et le troisième sur la reconstruction de la confiance de soi. Car, c’est bien sur ces trois points que se trouvent les solutions d’après les experts. Pour Véronique Morali, fondatrice de Force Femmes et de Terrafemina, la lutte contre les discriminations passe notamment par les réseaux féminins : « Je crois à la force collective et à la solidarité féminine. À condition bien sûr que le réseau ne soit pas utilisé comme un outil au service de son ambition personnelle, mais comme un lieu de partage. On vient y donner avant d’y recevoir », a-t-elle noté. Alain Minc, essayiste et économiste libéral, a pour sa part insisté sur l’opportunité de la création d’entreprise, même si celle-ci, a-t-il souligné, ne doit « pas être une réponse à l’absence de travail. C’est une autre manière d’envisager le travail, un projet en soi ». Christian Sautter, ancien ministre de l'Economie et des Finances et adjoint au maire de Paris, a, par ailleurs, rappelé l’importance de l’accompagnement des femmes ainsi que l’existence des forums organisés régulièrement dans les villes : « Une façon efficace de lutter contre la discrimination liée à l’âge sur un CV. »
Des solutions qui semblent convaincre, puisque selon le sondage de Force Femmes, 57% d’entre elles ont confiance en l’avenir. Pour Alix de Poix, co-fondatrice du Women's Forum, il y a d’ailleurs un « point de rencontre essentiel entre les entreprises et ces femmes ». Ces dernières cherchent en effet, selon elle, « des personnes flexibles, capables de créer le contact entre les générations et qui apporte un sens au quotidien ». Un portait qui colle parfaitement, selon elle, avec celui des intéressées. Et pour Alain Minc, le politique doit s’engager dans ce combat en « montrant du doigt les entreprises qui ne s’engagent pas en faveur de l’emploi des femmes ». Un aspect sur lequel Najat Vallaud-Belkacem s’est d'ailleurs engagée : « Nous devons donner envie aux entreprises de travailler sur leur image », a-t-elle lancé, avant de rappeler que sera divulgué le 17 octobre prochain le classement des entreprises selon l'accès qu'elles accordent aux femmes pour les postes de responsabilité.
Égalite professionnelle : repenser l'organisation du travail au féminin
Où sont les femmes entrepreneures ? Belkacem et Pellerin présentent leur plan
Égalité professionnelle : moins d'écart de salaire chez les cadres
Égalité professionnelle : les bonnes pratiques des 16 entreprises qui s’engagent pour la parité