Après de nombreux démêlés judiciaires, la cour d'appel de Paris a tranché : Gérard Depardieu est bien mis en examen pour "viols" et "agressions sexuelles", a déclaré le procureur général de Paris Rémy Heitz, ce jeudi 10 mars. Et ce, malgré la requête de l'accusé qui demandait à ce que la nullité de la procédure soit prononcée.
"La chambre de l'instruction considère ainsi qu'il existe, à ce stade, des indices graves ou concordants qui justifient que Gérard Depardieu demeure mis en examen", affirme-t-il dans un communiqué relayé par l'AFP.
Les faits remontent à l'été 2018. Fin août, l'actrice Charlotte Arnould a 22 ans et se rend à la gendarmerie de Lambesc (Bouches-du-Rhône) pour porter plainte. Elle raconte comment elle aurait été violée à deux reprises, quelques jours plus tôt, par Gérard Depardieu dans son hôtel particulier du 6e arrondissement de Paris.
"Nous avons discuté professionnellement comme cela cinq minutes, avant qu'il me dise de m'approcher de lui pour qu'il regarde le maquillage de mes yeux", aurait relaté Charlotte Arnould face aux policiers comme le rapporte Le Parisien ce 8 mars. "Selon la jeune femme, Gérard Depardieu se serait alors subitement mis à passer sa main sous ses vêtements et à lui imposer des attouchements au niveau des parties intimes. Charlotte Arnould dénonce aussi une pénétration digitale. Elle assure n'avoir pas su comment réagir, 'tétanisée' et 'choquée' par la tournure des choses", poursuit le quotidien.
Lors de son audition, Gérard Depardieu aurait reconnu les attouchements et l'avoir interrogée sur sa vie sexuelle, mais aurait affirmé que Charlotte Arnould était "pleinement consentante".
Ce même jour, "ils passent devant une chambre dans laquelle l'acteur demande à son hôte d'entrer et de s'allonger sur le lit. Charlotte Arnould dénonce de nouveaux attouchements ainsi qu'un cunnilingus non consentis", rapporte toujours Le Parisien. "J'ai eu la sensation d'être morte. J'ai regardé le plafond, je n'ai rien senti (...). Je ne me possédais plus, j'étais incapable de bouger", aurait raconté la jeune femme aux enquêteurs.
"Gérard Depardieu demande à la plaignante si elle ressent du plaisir. 'Elle m'a dit non, alors j'ai arrêté', a-t-il reconnu lors de son audition", précise Le Parisien.
L'homme sera finalement mis en examen le 16 décembre 2020 par une juge d'instruction parisienne pour "viols" et "agressions sexuelles", mais libre sans contrôle judiciaire.
D'abord anonyme, elle avait finalement dévoilé son identité le 16 décembre dernier sur Twitter. "Cette prise de parole risque d'être une secousse immense dans ma vie, je n'y gagne strictement rien si ce n'est l'espoir de récupérer mon intégrité. J'aurais peut-être dû attendre. Passer par un média. Faire ça "dans l'ordre". Faire ça "bien". Mais continuer à me taire, c'est m'enterrer vivante", écrivait-elle alors.
"Aujourd'hui, j'ai besoin de vivre dans la vérité. Je vis cachée et dans le silence. Ce n'est plus supportable. J'ai besoin de m'exprimer. J'ai été violée par Gérard Depardieu en août 2018. Cela fait un an qu'il est mis en examen." Et de poursuivre : "Il travaille pendant que je passe mon temps à survivre. Cette vie m'échappe depuis 3 ans et j'ai envie de vivre sans me renier."
Aujourd'hui, face aux avancements de l'affaire, la jeune femme "ne souhaite pas faire de commentaires", a-t-elle précisé, émue et accompagnée d'une proche, à l'agence de presse lors du délibéré à la cour d'appel. De son côté, son avocate Carine Durrieu-Diebolt a souligné qu'il est "important de relever qu'actuellement tous les magistrats en charge du dossier estiment qu'il y a des indices graves ou concordants qui laissent à penser que Gérard Depardieu a bien commis les faits d'agressions sexuelles et de viols dont il est accusé". A suivre.