Au sein du nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne, certains ministres sont aujourd'hui critiqués pour leur position passée au sujet du mariage pour tous, adopté en avril 2013. Ce projet de loi porté par Christiane Taubira ouvrait le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. Un texte progressiste et historique que n'ont pas approuvé tous les ministres du gouvernement Borne, loin de là.
Parmi les 28 membres du nouveau gouvernement, des ministres aux secrétaires d'Etat, certaines personnalités politiques s'étaient effectivement prononcées "Contre". C'était notamment le cas du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui avait même participé à la Manif pour tous.
Comme le rappelle Libération, le ministre de l'Intérieur estimait en septembre 2012 que le Parti socialiste et par extension le quinquennat du président de l'époque François Hollande proposait "de néfastes réformes pour la société : vote des étrangers, mariage homo, euthanasie" et s'interrogeait dès lors : "Mariage homosexuel et adoption par les homosexuels, faut-il tout accepter sous prétexte que la société évolue ?". Cinq ans plus tard, il affirmait cependant ne pas vouloir remettre en cause cette évolution sociale.
Mais ce n'est pas tout.
Le ministre de l'Intérieur n'était pas le seul à avoir voté "Contre" le mariage pour tous. C'est aussi le cas du ministre des Solidarités Damien Abad, qui détaillait en 2012 "préférer attribuer le label 'mariage' aux seuls hétérosexuels" et insistait pour trouver "des voies de compromis afin de renforcer les droits des couples homosexuels sans dénaturer l'esprit même de la filiation", mettant l'accent sur l'importance de préserver "les fondements de l'institution du mariage".
Comme le développe encore Libé, Damien Abad, qui fait l'objet d'accusations de viol relayées par le site d'investigation Mediapart, a finalement décrit le mariage pour tous comme "quelque chose de positif, une avancée" en 2017.
Ce n'est pas forcément le cas du ministre délégué auprès du ministre de l'Economie, en charge des Collectivités territoriales, Christophe Béchu, qui s'était lui aussi opposé au projet de loi.
En 2012 et 2013, Christophe Béchu, alors sénateur, avait affirmé que le mariage pour tous n'était pas "un progrès de civilisation" mais "une menace pour l'équilibre de notre société". Il avait également signé une tribune de l'hebdomadaire réactionnaire Valeurs Actuelles intitulée "Dénaturation du mariage : La République fragilisée", s'alarmant notamment sur le "brouillage des repères originels" que pourrait engendrer cette loi.
On pourrait encore évoquer le nouveau ministre de la Défense Sébastien Lecornu, qui, alors qu'il était candidat de droite pour les élections municipales en 2012, se disait opposé à ce projet "mélangeant trop de choses pour que le débat soit serein", précisant en outre : "le mariage est dans nos sociétés la base de la construction de la famille, et une famille se construit entre un homme et une femme".
Enfin, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, renouvelé dans ses fonctions, s'était, quant à lui... abstenu lors du vote à l'Assemblée nationale. Pour expliquer cette abstention, Bruno Le Maire avait avancé que les couples homosexuels "doivent avoir les mêmes protections que les couples hétérosexuels" tout en insistant sur ses doutes "sur la question de l'adoption".
Plus tard, le ministre de l'Economie aurait affirmé : "Je crois au mariage homosexuel, et que l'amour homosexuel vaut l'amour hétérosexuel". Quelques années plus tard, le ministre s'est positionné contre la PMA pour toutes.
Autant de positions pas franchement inclusives, loin d'en faut, qui semblent aller à l'encontre des promesses progressistes mises en avant par Emmanuel Macron, qui avait fait passer la PMA pour toutes lors de son premier mandat. L'art du "en même temps" ?