C'est l'histoire d'une danseuse de cabaret, Lola, qui élève seule son fils, et attend le retour de son amant, comme un personnage de conte de fées, mais sous le soleil Nantais... Dans le rôle titre, la chantante et mélancolique Anouk Aimée, disparue le 18 juin dernier.
Une comédienne magnifiée des années durant par Lelouch (Un homme et une femme en 1966), mais aussi Agnès Varda, Federico Fellini, Robert Altman...
Lola, c'est le premier film de Jacques Demy, et c'est à redécouvrir impérativement sur le site d'ARTE. L'occasion de se replonger dans le monde poétique, romantique, décalé du metteur en scène des Demoiselles de Rochefort, de Peau d'âne et des Parapluies de Cherbourg. Evidemment ! Mais aussi de s'immerger dans le regard vertigineux de spleen d'Anouk Aimée. Comédienne dont le cinéaste saisit toute la densité, tel qu'il avait pu le faire dans un autre chef d'oeuvre en noir blanc avec une autre légende du cinéma français : la magnifique Jeanne Moreau de La baie des anges.
On aime Aimée, et Lola nous le rappelle bien. Pourquoi ?
"Diamant à l’éclat inaltérable, Lola contient déjà tout l’univers de Jacques Demy : des dialogues ciselés, un récit construit sur des correspondances délicates, des êtres toujours sur le départ, pétris de solitude et de nostalgie, à la poursuite d’un bonheur incertain", décrypte ARTE, qui surligne surtout : "la grâce infinie d'Anouk Aimée".
A juste titre !
De Lola, hormis cette liberté et cette sensibilité qui caractérisent le cinéma de Jacques Demy, riche en portraits de femmes passionnants (on ne partage pas la vie d'Agnès Varda pour rien), on retiendra notamment, roi de la comédie musical aux rennes oblige, la chanson phare, où Anouk Aimée est doublée par la voix de Jacqueline Danno : "C’est moi, c’est Lola / Celle qui rit à tout propos / Celle qui dit l’amour c’est beau / Celle qui plait sans plaisanter / Reçoit sans les dédommager / Les hommages des hommes âgés / Les bravos des braves gars / Les hourras, les viens avec moi / Celle qui rit de tout cela / Qui veut plaire et s’en tenir là..."
Anouk Aimée retrouvera Jacques Demy sept ans plus tard pour le film Model Shop en 1968 - année ô combien emblématique au sein de la société française. Elle trouve dans Lola l'une de ses partitions les plus iconiques. Ce qui est peu dire lorsque l'on a côtoyé George Cukor, légende de l'âge d'or du cinéma hollywoodien, Dino Risi, génie du cinéma italien, Sidney Lumet, géant du Nouvel Hollywood, mais aussi Jerzy Skolimowski, Marco Bellocchio. Excusez du peu.