La prière pour les femmes fréquentant la Grande Mosquée de Paris (GMP) se fait désormais au sous-sol. Une décision prise après que des fidèles-hommes se sont plaints « du comportement trop bruyant de certaines femmes ». Un collectif baptisé Les Femmes dans la mosquée s'est constitué sur Facebook pour protester contre cette décision. « Suite aux pressions exercées (…) c'est l'ensemble des soeurs qui ne peuvent plus venir prier dans la salle de prières de la Grande Mosquée, comme depuis des décennies, mais qui sont assignées à se rendre au sous-sol », indiquent les membres du groupe.
Les fidèles ont interpellé le recteur de la GMP, Dalil Boubakeur. Dans une lettre envoyée le 25 novembre, ces dernières dénoncent la décision de l'administrateur général des lieux. « Monsieur le Recteur, interdire l'entrée de ce leu à l'ensemble des femmes pour les raisons évoquées s'apparente bien à une sanction collective injuste et disproportionnée ».
Et de poursuivre : « Plus que jamais, il faut que les autorités religieuses musulmanes de France se positionnent sur la place des femmes dans leur communauté (…) Nous souhaitons rétablir une réalité de la tradition prophétique qui est que les femmes étaient (et sont) des actrices dans la vie de la société et de leur communauté religieuse. Les invisibiliser revient à leur dénier ce droit », peut-on lire dans le texte accompagnant une pétition intitulée : « Rompre avec la relégation des femmes dans le sous-sol de la mosquée de Paris ».
La GMP dénonce quant à elle, dans un communiqué publié sur son site, le « mensonge et la désinformation » émanant d'un « groupuscule d'activistes féministes ». « Ces activistes, inconnues des fidèles fréquentant régulièrement la Mosquée, ont même cherché récemment à pénétrer par la force physique dans la salle de prières des hommes durant la prière de "Asser" en perturbant l’office religieux au mépris des règles et des valeurs de l’islam. Une plainte sera déposée prochainement ».
L'administrateur justifie le changement de lieu de prière des femmes par « l'affluence croissante des femmes lors des cinq prières quotidiennes » et affirme avoir donné aux femmes « un espace de prière plus vaste (…) avec plus de confort » : « une grande salle architecturée (…) à l'entresol de la Mosquée de Paris ».
Les femmes du collectif ont en effet tenté de pénétrer dans la salle principale, samedi 21 décembre. Elles ont été repoussées. « Nous avons décidé d'aller prier dans la salle principale, derrière les hommes », a indiqué la représentante des Femmes dans la mosquée, Hanane Karimi, contactée par LCI. « Une vingtaine, une trentaine d'hommes a fait barrage pour ne pas nous laisser entrer dans la Grande Mosquée (…) ça a dégénéré, ça a fini par des coups ». Trois membres du collectif ont décidé de porter plainte pour coups et blessures.