Jean-François Trogrlic : Je ne suis pas surpris que le sexe soit un facteur de discrimination aussi important, c’est le cas depuis toujours. La question de l’égalité homme-femme est loin d’être résolue et revient de manière récurrente. En ce qui concerne la grossesse et la maternité, l’explication se trouve sans doute dans la manière dont sont gérées les carrières, les évolutions. Les interruptions liées à la grossesse sont considérés comme des contraintes extérieures qui vont venir bloquer les parcours professionnels. On paye la facture de ces nouvelles formes de management très tendues liées au climat de l’emploi.
J-F T : Oui c'est un des enseignements du sondage. La prise de conscience n'a jamais été aussi forte. Les entreprises qui ont mis en place des dispositifs propres à la lutte contre les discriminations, font avancer les choses. Désormais, cette question fait l'objet d’une prise en charge globale. La menace de la sanction, tout comme la sanction effective, hâte aussi cette prise de conscience. Néanmoins, on est actuellement sur un terrain mouvant, le repli individuel est dans l’air du temps, la peur de perdre son travail si on dénonce un comportement discriminatoire. N'oublions pas que la discrimination est vécue comme un sentiment de culpabilité immédiat. Cela n'encourage pas à parler.
J-F T : Il faut franchir une étape dans les dispositifs en place, inciter à plus de dialogue social car c’est un moyen efficace de lutter contre les discriminations. Les femmes doivent être davantage protégées dans les entreprises, la question de la parentalité mise à l'ordre du jour. Il faut un espace spécifique qui protège les jeunes femmes, qu’elles puissent avoir une organisation de leur travail adaptée.
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