"Il était une fois... Niki vivait dans un monde étrange où toutes les filles rondes... charnues... dodues... sensuelles... ben grosses quoi... avaient interdiction de s'habiller et étaient condamnées à vivre nues. Mais ce soir, Niki s'en fout si elle est grosse, elle va enfiler sa robe et aller danser !"
Le résumé du court-métrage de Marina Ziolkowski, intitulé Extra Large et diffusé sur Youtube, donne le ton : celui d'une oeuvre pop et politique qu'on a envie de regarder en boucle.
L'histoire, vous l'aurez saisi, colle de près et de loin au conte de Perrault : Cendrillon. Dans le rôle titre, on retrouve Niki, interprétée par la DJ et mannequin militante Barbara Butch, non pas empêchée d'aller au bal par sa marâtre de belle-mère, mais bien par la société et ses diktats oppressifs.
Dans son univers, les femmes grosses sont reléguées au rang de sous-humaines, forcées de vivre sans vêtements et stigmatisées ouvertement. Les femmes minces, elles, sont portées aux nues d'une part, aveugles à leurs privilèges et leur grossophobie intériorisée d'une autre, et parallèlement, soumises à un male gaze dominant qui les objectifie allègrement. Familier ? Et comment.
Au casting, on retrouve Bérangère Mc Neese (Braqueurs, HPI), qui joue Anastasie, demi-soeur de Niki plus agréable que les personnages de Disney, mais qui ne remet jamais en question le système qui l'avantage aux dépens de celle à qui elle conseille "gentiment" de se faire vomir pour aller au bal l'année prochaine.
La bonne fée n'est autre que Rosa Bursztein (Deux moi, Cinquième Set). Une acolyte bienveillante qui refusera à l'héroïne le souhait de la rendre mince pour qu'elle aille danser, mais lui rappellera que les corps gros, que tous les corps en fait, ont aussi le droit de se trémousser au son d'une musique électro envoûtante que les corps minces. Et d'un coup de baguette magique, "Sorora cadabra !", rassemblera toutes les femmes de l'histoire pour une teuf dans un musée condamné.
Morale de l'histoire : ciao les injonctions, vive la danse à poil pour toustes ! "Et toutes les femmes furent enfin considérées comme des princesses, et vécurent heureuses dans leur corps jusqu'à la nuit des temps", conclut la bonne fée. Des mots à partager. Dommage, donc, que Youtube ait décidé de censurer la vidéo aux moins de 18 ans.