Souvenez-vous, en février dernier, l'activiste et DJ Barbara Butch paraissait en Une de Télérama sous le titre "Pourquoi on rejette les gros ?". Un numéro qui attaquait la grossophobie ordinaire et ambiante et donnait la parole aux premier·e·s concerné·e·s, sur lequel on voyait la jeune femme nue, main sur la poitrine et regard déterminé au loin. Cette image avait été censurée sur Instagram, comme beaucoup d'autres qui mettent en scène des femmes grosses dévêtues - quand les femmes minces ne sont pas inquiétées. Ironique quand on sait que son but était justement de dénoncer cette discrimination destructrice.
Aujourd'hui, Barbara Butch a publié un cliché d'elle dans une piscine, posant de nouveau nue les mains sur les seins. En légende, un long texte au fil duquel elle affirme qu'elle tient désormais la réponse à sa question : que déclenche cette censure décidée par l'intelligence artificielle ?
"Instagram m'a appelée ce matin pour m'expliquer pourquoi les photos, même si on ne voit pas forcément les tétons, sont censurées. Comme pour celle-là ou celle de Télérama, etc." Et c'est assez hallucinant. Elle écrit qu'une règle Facebook interdisait jusqu'ici le "breast squeezing" ("le fait de se tenir les seins, de les compresser"), car c'est "pour eux considéré comme un acte sexuel ou pornographique".
Elle poursuit : "Pour nombre d'entre nous, c'est surtout qu'on a des gros seins qui sont souvent lourds et pour ne pas montrer nos tétons censurés, on les tient, [on les] cachent avec nos mains".
La jeune femme ajoute que "cette règle a enfin sauté et sera en place réellement dès mercredi (le 28 octobre, ndlr)". Pour l'occasion, elle invite ses abonnées à "vérifier tout ça" en lançant un challenge sous le hashtag #SqueezeIt- "presse-les" en français.
"A toutes les personnes qui veulent m'envoyer des photos ou bien les poster d'elles en train de se tenir les seins, je les posterai ou vous les posterez dès jeudi (29 octobre, ndlr). Et on verra si c'est vrai ou que des paroles en l'air. Pour nous calmer."
Elle encourage sa communauté en insistant sur l'importance de ne pas se taire et d'agir à plusieurs, preuve en est la modification du règlement de Facebook et d'Instagram après ses multiples interventions. "C'est qu'un petit changement mais ça montre que si dans le monde entier, les gens pointent du doigts ce qui ne va pas, ensemble on peut faire bouger les choses". Alors, il n'y a plus qu'à.