Daisy a 24 ans, elle est l'instigatrice du compte Instagram You're Precious et plus récemment de la nouvelle roue de secours en cas de harcèlement de rue. Un homme refuse de vous laisser tranquille tant que vous ne lui avez pas donné votre numéro ? Communiquez-lui le 07 80 99 37 34.
S'il appelle, il tombera sur ce message vocal prononcé par la jeune femme : "Si tu es sur ce numéro, c'est parce que tu as été trop insistant avec une femme ou une fille qui ne souhaitait pas te donner son numéro. Elle s'est sentie forcée de te donner ce numéro pour que tu la laisses tranquille". S'il écrit, elle se charge de lui faire une petite piqûre de rappel sur le consentement.
"Au début je dis 'bonjour, j'espère que tu vas bien' puis je laisse un peu de temps, au cas où la fille serait toujours à côté, pour que l'homme puisse se dire que c'est un vrai numéro", explique-t-elle au micro de RTL, confiant qu'elle peut répondre à 200 textos par jour. "Après, j'envoie un message sur le consentement : sur le fait que si une fille dit 'non' il faut accepter le 'non' et ne pas insister plus".
Des bases pourtant souvent ignorées par des harceleurs menaçants, qui n'accueillent d'ailleurs pas toujours la leçon avec humilité. Daisy raconte que si une dizaine d'interlocuteurs se sont excusés, la plupart répondent par des insultes. Un constat qui ne lui fait pas baisser les bras, bien au contraire.
Car elle pense à celles qui vivent ces rencontres angoissantes au quotidien. "Quand tu finis le travail, et qu'une personne te dit 'Donne moi ton numéro, sinon je te suis jusqu'à chez toi', ou d'autres situations de ce genre, je sais que c'est le quotidien de toutes les femmes. Je trouve dommage qu'il n'y ait pas de solution contre ça. Ce numéro c'est déjà un début".
Et l'avoue sur son compte Instagram : comme beaucoup (86 % des femmes, en France, disent avoir déjà été victimes de harcèlement de rue), elle a aussi eu affaire à de telles situations. "Moi-même, j'ai déjà été bloquée plusieurs fois par des hommes exigeant mon numéro (que j'ai donc été obligée de donner), alors je suis consciente de ça."
Une solution qui n'est pas nouvelle, mais qui n'est pas sans risque pour sa créatrice.
En 2017, deux féministes, Clara Gonzales et Elliot Lepers, avaient lancé une initiative similaire. En quelques jours seulement, le numéro a été désactivé, victime d'"une attaque coordonnée contre le service" et "une campagne de harcèlement contre nos personnes", témoignaient-il et elle, marquées par "plusieurs dizaines de messages de haine, et notamment des menaces de mort".
D'après RTL, le 07 80 99 37 34, lui, aurait déjà été piraté deux fois. Un indicateur aussi alarmant qu'édifiant de l'ampleur de ce fléau.