« Une augmentation sans précédent du nombre de témoignages reçus » : SOS homophobie annonce la couleur, 2012 a été une année sombre pour les homosexuels en France. Ravivés par le débat sur le mariage pour tous, les actes homophobes sont en nette augmentation cette année : l’association recense ainsi 2 000 témoignages de victimes, soit 27% de plus qu’en 2011. Une hausse qui s’explique également du fait d’une parole libérée et d’un « sentiment de ras-le-bol des victimes, qui ont certainement davantage témoigné ». Si le premier contexte de recensement des violences est Internet, où l’association dénombre 35 % des cas, le lieu de travail reste un contexte difficile pour les victimes.
Ainsi, 10% des actes recensés cette année par l'association - soit 194 - ont été commis dans le cadre professionnel. La victime « type » d’actes homophobes sur le lieu de travail est un homme, âgé de 35 à 50 ans, résidant en région. « L’agression prend majoritairement la forme d’une insulte (29%) ou d’une discrimination (27%) », indique le rapport. Et « bien que la majorité des témoignages émane d’hommes, il faut rappeler la « double peine » qui frappe la victime lorsqu’elle est lesbienne », discriminée en tant que lesbienne et en tant que femme. Certains témoignages font froid dans le dos, comme celui d’Emmanuel, rapporté par SOS homophobie : « Emmanuel s’est fait menacer par un collègue qui l’a attrapé par le col en le traitant de « sale enculé de PD ». Au début, sa direction prévoit de mettre un blâme à son agresseur. Mais la situation se retourne et c’est finalement lui qui est convoqué pour entretien préalable à licenciement. ». Autre exemple : « Suite à un désaccord, un collègue de Thibault l’a insulté : « Pédale ». Son employeur, à qui il a écrit pour le signaler, lui dit qu’il manque d’humour. » Dans la plupart des cas, l’agresseur est un manager ou un chef d’entreprise (39%) ou bien un collègue sans lien hiérarchique direct (42%). Et dans 64% des cas, la victime ne reçoit aucun soutien de son entourage professionnel, que ce soit un collègue, un supérieur ou un syndicat. Seuls 14% des victimes citent leurs collègues, 13% les représentants du personnel ou la médecine du travail, et 7% leurs supérieurs.
Les entreprises préfèrent en effet généralement opter pour la politique de l’autruche qui consiste à « ne pas faire de vagues ». Le rapport se réjouit cependant que certaines entreprises et filiales françaises « commencent à intégrer les questions d’orientation sexuelle dans leur politique de diversité, comme Orange,IBM ou Sodexo. » Un engagement cependant encore « trop rare ».
Lire le rapport de SOS homophobie dans son intégralité
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