"Il voulait Marion Cotillard et il m'a moi !"
Cette drôle de réplique, c'est celle d'une grande actrice française Césarisée... à l'adresse d'une autre grande actrice Césarisée, donc. Vaste indice puisque notre cinéma regorge de comédiennes sidérantes. Et que cette phrase suggère une pseudo rivalité entre les deux femmes. Mais de quoi s'agit-il ? D'une relation conjugale ? D'un rôle ? Du projet d'une vie ?
En vérité, ce sont les mots de Bérénice Bejo au micro de Europe 1, dans l'émission Culture Médias plus précisément. Avec beaucoup d'humour, elle révèle frontalement ce qui, pour une durée temporaire, l'a opposée, bien malgré elle, à l'interprète de la Môme Piaf...
On l'écoute ?
Sur les ondes de la station, Bérénice Bejo témoigne et brise le suspense : elle parle ici du film qui lui a valu une consécration critique, Le passé, du cinéaste iranien Asghar Farhadi. Partition très intense mais également très épurée, dépourvue de tout artifice, considérée comme son plus grand rôle. Rôle qui a bien failli lui échapper, donc.
On l'écoute : "J'étais un second choix pour ce film, juste après Marion Cotillard. Du coup ca met direct une pression supplémentaire. Puis avec Farhadi on a fait deux semaines de répéts, et ensuite, des improvisations en espagnol, et c'est là que j'ai compris que Marion avait été oubliée entre temps", rigole la comédienne, actuellement sur les planches pour un seul en scène.
Choix crucial quand l'on connaît l'exigence absolue du cinéaste iranien. Le passé est un film sidérant, tout comme cet autre chef d'oeuvre du cinéma iranien, que l'on vous raconte en détails dans notre critique.
"Cette situation me rappelle que moi, j'ai le syndrome de la mauvaise élève, pas vraiment le syndrome de l'imposteure mais une peur de ne pas être à la hauteur", confesse encore Bérénice Bejo au micro de Europe 1. Une angoisse qu'elle accepte, pour le meilleur d'ailleurs : elle fait même une méthode d'éducation.
"J'apprends à mes enfants que les gens qui doutent, c'est bien, surtout aujourd'hui. Que l'on a le droit de douter, et de ne pas savoir".
Tout naturellement, de rivalité féminine, il n'y a pas : la comédienne plaisante, mais cette pirouette nous permet de vous rappeler pourquoi les rivalités entre femmes font du mal à celles-ci, et au féminisme. On a dédié une entière enquête à ce sujet, à retrouver ici.
Dans cet autre billet d'humeur piquant, on brisait d'ailleurs un autre fantasme : la soi disant rivalité entre deux icônes de la chanson française.