La Silicon Valley et le secteur des nouvelles technologies n'ont jamais eu bonne presse en matière de parité et d'égalité salariale. Les propos tenus jeudi dernier par le directeur général de Microsoft Satya Nadella ne vont pas inverser la tendance.
Invité à intervenir au Grace Hopper Celebration of Women in Computing, une conférence nationale sur la place réservée aujourd'hui aux femmes dans le secteur de l'informatique, le CEO de Microsoft a mis les pieds dans le plat en évoquant très maladroitement la question des inégalités salariales. « Les femmes qui ne demandent pas d'augmentation [salariale, ndlr] ont un super pouvoir, parce que le fait de ne pas demander d'augmentation génère un bon karma, et c'est le type de personnes en qui j'ai confiance et à qui je donnerai plus de responsabilités dans le futur », a-t-il déclaré devant un auditoire médusé. Comprenez : les femmes n'ont pas besoin de réclamer une augmentation à leur supérieur, qu'elles fassent confiance au système déjà en place (donc aux hommes) pour espérer être un jour mieux payées.
Sitôt prononcés, ces propos ont provoqué un tollé outre-Atlantique. Les internautes ont vivement reproché à Satya Nadella de ne pas prendre en considération ce qu'implique le fait d'être une femme et de vouloir construire sa carrière professionnelle, d'autant qu'aujourd'hui encore, les femmes gagnent encore en moyenne 23% de moins que les hommes aux États-Unis.
Face à l'ampleur prise par sa conception des inégalités hommes-femmes au travail, Satya Nadella a pris la décision de présenter ses excuses, d'abord via son compte Twitter, puis dans un mémo adressé à ses employés jeudi soir. « J'ai très mal répondu à cette question, a-t-il reconnu. Hommes et femmes devraient recevoir le même salaire pour un travail équivalent. […] Si vous pensez que vous méritez une augmentation [de salaire, ndlr], vous devriez la demander. » Avant de publier un communiqué dans lequel il affirme « vouloir soutenir les femmes à entreprendre dans le secteur des technologies et fermer la brèche salariale. J'ai appris une leçon à cette conférence ».
Il n'empêche, ce n'est pas la première fois que le secteur des nouvelles technologies est épinglé pour flagrant délit de sexisme. Au mois d'août, c'est Apple qui faisait l'objet de remontrances en dévoilant les statistiques sur la diversité sur ses employés. Le résultat était sans appel : sur ses 98 000 employés, la firme compte 70% d'hommes pour 30% de femmes. En sous-effectif, les femmes d'Apple occupent rarement un poste à responsabilité : 28% d'entre elles ont un statut de cadre, et seules 20% travaillent dans les services technologiques.
Peu satisfait de ces chiffres, le PDG d'Apple Tim Cook avait affirmé « travailler dur pour les améliorer. Nous faisons des progrès et sommes engagés à être aussi innovants dans la promotion de la diversité que nous le sommes dans le développement de nos produits […] Notre définition de la diversité va au-delà des catégories traditionnelles de race, de genre et d'ethnie. Elle inclut des qualités personnelles que l'on ne mesure pas habituellement comme l'orientation sexuelle, l'âge et le handicap. »
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