Avec le développement des applis et des sites de rencontres, personne ne comprend comment vous arrivez encore à rester seule et vous la première. Les milliers de profils au bout de vos doigts ne font qu'augmenter le sentiment de frustration et la pression. Oui, vous avez peur d'être célibataire.
Trop de choix tue le choix. Une agence matrimoniale digitale, ça ressemble aux courses au supermarché quand on veut des yaourts et que l'on se retrouve face au gigantisme rayon "spécialités laitières". Un cauchemar pour consommateurs indécis. Alors Tinder et consort, les Uber du dating, c'est pareil. C'est ce qu'explique Wendy Walsh, professeure de psychologie à la California State University interrogée par MyDomaine : "Ce que le dating digital crée, c'est qu'il donne aux gens beaucoup de choix, et quand ils ont beaucoup trop de choix, les humains s'attachent rarement à un seul. Cela rend plus difficile le fait de s'engager et de le rester parce qu'il y a trop le sentiment qu'il existe une plus grosse, une meilleure affaire qui nous attend ou la peur de louper un·e meilleur·e partenaire". C'est le serendipidating.
A l'époque du Minitel, on aurait aussi pu appeler le phénomène le syndrome Sex and the City. Les citadins ont l'impression d'avoir une multitude de choix devant eux. On fait aussi moins d'efforts pour s'impliquer dans une relation et au moindre point noir, on zappe au prochain ou à la prochaine. Bilan: plus on cherche et moins on trouve. Ou on enchaîne les mauvais plans parce que nous sommes trop fébriles.
La "date de péremption" joue indéniablement sur la peur de rester célibataire pour une femme. On en revient aux yaourts. Oui, c'est un fait, les années passant, nous sommes moins fertiles. Il y a la pression que l'on peut se mettre à soi-même dans la situation où l'on voudrait des enfants, mais celle aussi de l'entourage. Avec son lot de Noël ou de mariages où on vous accuse de ruiner le plan de table parce que vous avez le culot de vous montrer seule.
Pour arrêter de se mettre la rate au court-bouillon, Wendy Walsh préconise de faire un plan de relation comme on ferait un plan de carrière : "Aujourd'hui, avec la quantité de partenaires disponibles, vous pouvez établir des stratégies. Vous pouvez déterminer quand vous êtes prêt·e·s et vous pouvez trouver une personne qui est d'accord pour avoir un engagement sur le long terme". Elle conseille d'arrêter le "swipe" sur les applications, mais de prendre son temps, de bien regarder chaque profil en détails et de voir si cela se concrétise lors de vrais rendez-vous sans perdre de temps à trop envoyer de messages.
On peut aussi se la jouer old-school. Et si on partait la truffe au vent sans se poser de questions et sans appli pour nous aider ? Comment se sont rencontrés nos parents à l'époque des cartes postales et des cabines téléphoniques ? A l'ancienne, en élargissant leur cercle de connaissances. Le meilleur moyen de casser les limites de l'environnement du boulot, c'est d'adhérer à une association ou un club. Vous serez sûre au moins d'avoir les mêmes centres d'intérêts.
Et puis, on dédramatise. Est-ce si problématique d'être célibataire ? Si on envoyait paître oncle Bernard dimanche prochain ? Ses blagues sur notre célibat (ou notre soit-disant retard à l'allumage concernant la gestation), il peut se les garder.
Pour Eulalie, Parisienne trentenaire et célibataire assumée, il faut se détacher de cette peur : "L'époque de Jane Austen où tu étais condamnée à jouer du piano en gardant les enfants des femmes plus jeunes, c'est fini ! Je n'ai pas du tout peur d'être célibataire". Très épanouie dans sa vie sociale et associative, elle raconte : "Ca serait facile de me mettre avec n'importe qui, mais on n'est pas entouré que de gens extraordinaires. Donc on ne peut pas se ruer sur la première personne venu".
Non, être en couple, ce n'est pas le Graal. "Est-ce qu'on a besoin d'un mec pour se gérer et être considérée comme une femme complète quand on est hétérosexuelle ? Quand ta famille te demande si tu es enfin en couple, c'est comme si tu avais passé le concours de la fonction publique, c'est la sécurité de l'emploi. Moi, je n'ai pas envie de me faire chier en couple."
En gros on pourrait reprendre la phrase de Samantha de Sex and the City quand elle quitte un des seuls hommes qu'elle ait jamais aimé "Je t'aime, mais je m'aime moi". N'ayez pas peur. Et si vraiment vous flippez pour vos ovaires, bientôt on l'espère, la procréation médicalement assistée sera ouverte aux femmes seules en France.